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La nostalgie de l’honneur

David Rouzeau
La Nation n° 2085 8 décembre 2017

Ce beau titre accroche l’œil de l’humaniste classique, partisan du vrai progressisme alliant conservation de ce qui va bien et est précieux, d’un côté, et, d’un autre côté, nouveautés véritablement utiles. On aura compris que cet humanisme progressiste et conservateur se distingue du pseudo progressisme libéralo-libertaire ravageur des élites mondialisées.

L’honneur est précisément l’une de ces valeurs de l’ancien monde, celui d’avant 68 pour faire court, qui est tout à fait précieuse, mais qui est ignorée par l’idéologie moderniste. L’auteur de La Nostalgie de l’honneur, Jean-René van der Plaetsen, raconte l’histoire de son grand-père, Jean Crépin, qui a été l’un des bras droits du général Philippe de Hauteclocque, plus connu sous son nom de guerre, Leclerc, durant la Deuxième Guerre mondiale. Il a été un redoutable spécialiste d’artillerie et a œuvré notamment en Afrique contre Rommel, puis en France, lors de la bataille de Strasbourg.

En plus d’être le récit d’un petit-fils admiratif d’un «grand-père» courageux, ce livre rend précisément hommage à la morale classique pitoyablement malmenée par le modernisme libéralo-libertaire. Contre notre triste temps où, entre autres, la plupart des médias déplorent les fausses informations tout en en commettant eux-mêmes, ces hommes d’honneur, Crépin et d’autres compagnons de route, faits du même bois, basaient leur vie sur des valeurs fondamentales exprimées par ces mots qui étaient leurs: «vérité, absolu, idéal, honneur».

Ils avaient l’amour de leur nation – «cette chère et vieille France» – et de leur peuple chevillé au corps et étaient prêts à se sacrifier pour eux. Cela indique très bien l’idée selon laquelle les hommes ont un besoin fondamental de cette référence identitaire, laquelle est intermédiaire entre l’identité personnelle et familiale, d’une part, et, d’autre part, l’appartenance globale à l’espèce humaine. Le récit de la vie de celui qui deviendra le général Crépin exprime ce besoin anthropologique d’enracinement dans une identité nationale qui permet d’échapper à l’hyper-individualisme d’un homme moderne névrosé et perdu dans une société éclatée (voir notre précédent article, La Nation n° 2076).

Le sens de l’honneur animait ces «hommes de conviction», «issus des profondeurs du pays», se distinguant des «salariés du pouvoir» ayant perdu le souci de leur peuple. La maxime était: «Ne rien lâcher.» On parle ici de soldats et de tout ce qu’il y a de noble chez les soldats, car Crépin et ses compagnons l’étaient, ainsi que le grand général de Gaulle. L’époque avait brutalement requis leur engagement. Et l’on voit la qualité de certaines valeurs militaires qui peuvent inspirer tout homme, même si l’on cherche, et c’est louable, à favoriser le plus possible la paix. Du reste Crépin avait milité dès 1945 pour la paix en Indochine, mais les politiciens de Paris, confortablement assis dans leurs basses intrigues déconnectées du réel, préféraient aller vers la guerre et le sang.

Ces hommes d’honneur avaient une discipline personnelle, visaient au dépassement de soi, avaient le sens du devoir. Et ce livre émouvant de van der Plaetsen cherche précisément à décrire ces «hommes d’un calibre différent des autres, pour maintenir et transmettre une forme d’intelligence et de raisonnement, un savoir, un dévouement, un courage, surtout, qui dessinent aussi […] une conception esthétique de la vie».

De notre point de vue de Suisses et de Vaudois, on ne peut qu’aimer ces hommes-là, cette France-là, et défendre chez nous les mêmes conceptions pour le bien et la prospérité de notre pays.

Enfin, puisque le plus important est de garantir et même de sauver l’avenir, il y a un vrai impératif à transmettre cet héritage. Van der Plaetsen n’hésite pas à dire que «c’est par les bibliothèques que nous trouverons notre salut», en lisant les histoires de ces hommes droits et dédiés au service du bien commun, qui «nous murmurent ce que fut leur vie».

Un tel récit devrait assurément être lu par tout homme qui veut renforcer en lui le courage et l’amour de la patrie, dont on appréciera au passage qu’ils vont bien au-delà des «valeurs de la République», selon la molle rhétorique de certains.

L’amour du pays revient au fond à l’amour – dans le sens chrétien – des autres, des siens surtout, mais également de tout autre au final.

Référence:

Jean-René van der Plaetsen, La Nostalgie de l’honneur, Grasset, 2017.

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