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Le nourrisson nouveau

Jacques Perrin
La Nation n° 2086 22 décembre 2017

Le communisme souhaitait créer un homme nouveau. Le nazisme voulait produire des surhommes aryens pour mille ans. Le transhumanisme désire fabriquer des robots sensibles et conscients d’eux-mêmes.

Aujourd’hui, l’Allemagne reconnaît un troisième genre et les féministes s’en prennent à la virilité qui doit «dégager». Le Monde et l’Illustré, journaux en principe fort dissemblables, collaborent à l’entreprise d’éradication.

A l’occasion de l’affaire Weinstein, M. Philippe Clot, membre de la rédaction de l’Illustré, écrit en substance que la virilité sent mauvais, qu’il est urgent de désigner publiquement et officiellement les harceleurs frustrés, que la paix et la complicité entre les sexes sont une affaire de civilisation, qu’il faut donc inventer une nouvelle école de mâles qui rappelle à grands coups de pied dans les c… , s’il le faut, qu’il n’y a pas de séduction sans respect.

Dans le Monde du samedi 4 novembre, Mme Françoise Héritier, anthropologue  récemment décédée, nous explique comment nous débarrasser de la domination masculine par un raisonnement qui embrasse toute la préhistoire. Nous résumons: la hiérarchie entre les sexes ne correspond à aucune réalité biologique. Au début, les hommes et les femmes avaient les mêmes capacités physiques, mentales et intellectuelles. Il y avait toutefois un avantage du côté féminin, car seules les femmes peuvent mettre au monde des enfants, aussi bien des filles que des garçons, à la grande stupéfaction des mâles préhistoriques qui en conçurent de la jalousie. Comme ils mettaient les enfants dans le corps des femmes grâce à leur semence, ils voulurent  s’approprier celui-ci pour que personne ne leur vole le trésor qui en sortait. Ils travaillèrent dès lors à affaiblir les femmes en se réservant les protéines, la viande et les graisses, abandonnant à leurs compagnes féculents et bouillies. Alors la taille des hommes augmenta et celle des femmes diminua. Les hommes se fortifièrent, la hiérarchie vit le jour. La différence entre les sexes, qui passe encore aujourd’hui pour naturelle, n’était due qu’à une machination virile.

L’anthropologie préhistorique est une belle science en vérité. Grâce à elle, les femmes comprennent pourquoi elles sont dominées et servent le café aux «décideurs» dans les bureaux. Il faut déconstruire la différence homme/femme. Après l’affaire Weinstein, la honte a changé de camp. Certes, grâce à la contraception, les femmes avaient remporté une première victoire. Elles pouvaient désormais choisir si, avec qui et quand elles procréeraient. Selon Françoise Héritier, la contraception est intervenue exactement où s’est noué l’assujettissement féminin.

Dans le même numéro du Monde, nous apprenons que dans les couples égalitaires, les hommes et les femmes sont plus heureux et les enfants réussissent mieux à l’école. Le féminisme permet de vivre de manière plus équilibrée et de se soustraire à l’injonction de la performance permanente, qu’elle soit sociale ou sexuelle.

Paix? Complicité? Bonheur? Equilibre? Nous doutons de l’authenticité de ce tableau idyllique. C’est plutôt à une guerre des sexes que nous avons affaire, une guerre qui doit nous faire revenir au fantasme platonicien de l’androgynie primitive, de l’unité originaire.

Les féministes et leurs collaborateurs masculins envisagent de dresser les mâles dès le berceau. Selon Mme Héritier, il faut anéantir l’idée d’un désir masculin irrépressible, nécessitant un assouvissement immédiat. La vie en société impose des règles qu’il s’agit de faire respecter sans plus tarder. Commençons avec le nourrisson, le jardin d’enfants, les premières classes primaires, les premières impressions de la vie… il faut que l’école y aille fort.

Nous aurions conseillé à Mme Héritier d’engager M. Clot comme jardinier d’enfants. Il saurait mettre les récalcitrants à l’ordre, à moins qu’il ne pense, avec son humour délicat, qu’il faut enseigner aux jeunes filles des méthodes efficaces d’autodéfense. Les mâles abrutis, même tout jeunes, sont sensibles à ce langage.

Seulement, chez ceux qui hurlent «maltraitance!» dès qu’un père irrité gifle son gamin, le genre martial nous inspire de la méfiance. Les représentants des agneaux persécutés aiment à se transformer en loups délateurs et vengeurs.

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