Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Le coût écologique des technologies vertes - Erratum et compléments

Jean-François Pasche
La Nation n° 2098 8 juin 2018

Des lecteurs de La Nation ont fait remarquer que notre dernier article comporte des erreurs de calculs. Nous nous permettons de reprendre la réponse de l’un d’eux:

Pour comparer la production annuelle des deux sources d’énergies, il faut utiliser les Wh et non les W. En effet, si une centrale nucléaire peut produire de l’ordre de 90 % du temps à sa puissance nominale (cas de Leibstadt en 2013, 9’691’000 MWh de production effective alors que la production théorique serait de 1200 MW x 24h x 365 jours = 10’512’000 MWh), une éolienne ne fonctionne que l’équivalent de 25 % du temps à pleine puissance. Ce rapport entre la production théorique en cas de fonctionnement continu et la production effective se nomme le facteur de charge.

On peut donc attendre d’une éolienne d’une puissance de 2 MW une production annuelle de 2 MW x 24h x 365 jours x 25 % de facteur de charge = 4’380 MWh.

Hélas, trois fois hélas, c’est donc 2212 éoliennes de 2 MW, et non pas 600, qu’il faudrait pour compenser Leibstadt.

Pour le solaire il faut également tenir compte du facteur de charge et distinguer la puissance nominale de la production annuelle. Le chiffre de 8 m2 pour 1 kW évoqué dans l’article est une puissance nominale. Pour obtenir la production annuelle il faut multiplier par 24 heures, puis par 365 jours, puis par le facteur de charge. Avec 8 m2 on peut attendre une production annuelle de 1’200 à 1’500 kWh environ (avec 63 m2 de panneaux sur mon toit, pour une puissance nominale de 10 kW, la production effective est de l’ordre de 12’000 kWh par an, donc un facteur de charge de 13,6 %). Pour égaler Leibstadt avec ces mêmes panneaux, il en faudrait 50,8 km2 et non pas 960 km2.

Yves Bornick

En résumé, nous avons fortement sous-estimé le nombre d’éoliennes et fortement surestimé la surface de panneaux solaires nécessaires à l’assouvissement de nos besoins en électricité. Ces rectifications nécessaires ne changent pas le fond du problème. La comparaison avec l’énergie nucléaire n’a pas pour but de défendre cette technologie de production d’électricité. Cela montre simplement que nos besoins en énergie sont énormes; le succès des moyens de transport privés électriques – les voitures, mais aussi les vélos, les trottinettes, tout devient électrique! – ne va pas améliorer la situation, pour ne citer qu’un exemple. Il y a encore l’augmentation de la population dont il faudrait tenir compte. Certes les éclairages et les appareils ménagers en veille consomment moins d’énergie qu’auparavant, mais il y en a de plus en plus et presque tout le monde possède aujourd’hui un téléphone portable qu’il faut recharger chaque jour. Ce que l’on gagne d’un côté, on risque de le perdre de l’autre. En gros, les efforts à déployer pour ne dépendre plus que des énergies renouvelables sont considérables.

Par rapport à l’énergie solaire, recouvrir tous les toits de Suisse est une idée qui revient couramment. Il serait envisageable de couvrir environ la moitié de nos besoins en électricité, du moins en cas de grand soleil. Pour le reste du temps, on table sur l’amélioration des techniques de stockage de l’énergie. Actuellement, il existe la possibilité de de pomper de l’eau depuis la plaine jusqu’aux  barrages lors des creux de consommation. L’amélioration des batteries en serait une autre. Cependant, il semble que les efforts de développement soient principalement dirigés du côté de l’augmentation de la fiabilité et des capacités. Les ingénieurs sont en outre à la recherche de technologies de recharge rapide. Parmi ces voies d’évolutions, la question du coût écologique, dont nous parlions dans notre dernier article, ne semble pas être au premier plan.

En définitive, les énergies renouvelables posent de nombreux problèmes, pour la plupart jamais évoqués par leurs promoteurs. En premier lieu, il y a la forte demande en minerais dont l’extraction est extrêmement polluante; à cela s’ajoute la question de leur installation. Les éoliennes nécessitent des camions pour les acheminer, sur des routes construites rien que pour elles; des grosses grues, voire des hélicoptères sont mis en œuvre pour leur installation. Quant aux panneaux solaires, la quantité qu’il faudra en installer pose le problème futur du recyclage. Et ce ne sont là que quelques exemples.

Ce n’est pas parce qu’on nous dit que les technologies «vertes» sont moins polluantes que celles qu’elles remplacent que cela est vrai. Il y a là des hypothèses à vérifier, non des vérités à faire avaler à coup de lobbying et de campagnes politiques aux arguments simplistes. Toutefois, il ne s’agit pas de dénoncer tel ou tel type d’énergie comme polluante. Nous demandons simplement que toutes les sources d’électricité, y compris le nucléaire, et bien sûr les éoliennes et les panneaux solaires, soient comparées sur la base de critères objectifs et la prise en compte de facteurs tels que l’utilisation des terres rares et l’impact écologique du développement technologique; tout cela va bien au-delà de l’impact écologique d’une source d’énergie depuis sa mise en fonction jusqu’à la fin de sa durée de vie. Sous ce dernier angle, l’énergie solaire sort vainqueur sans grand débat. Mais considérer la question de la production énergétique sous cet angle unique serait bien trop facile.

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: