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Notre-Dame,en négatif et en positif

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2121 26 avril 2019

On nous presse d’écrire quelque chose à propos de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame, à Paris. Or, la principale réaction qui nous vient à l’esprit, c’est l’envie de dire du mal d’à peu près tout le monde.

Des médias d’abord, évidemment. Car s’il est bien compréhensible qu’un tel événement nous touche, on ne nous ôtera pas de la tête que les médias – surtout français – ont exagéré en matière de pathos artificiel, de sensationnalisme haletant et d’émissions spéciales quotidiennes. Certains se sont demandé si ce travail de sidération poursuivait un but précis et machiavélique; le plus probable, hélas, est que cela correspond à la médiocrité instinctive et narcissique qui pousse, en toute occasion, à exciter délibérément les émotions du public. En l’occurrence – c’est du moins notre sentiment –, l’émotion aurait pu être davantage contenue. Les flammes n’ont causé aucune perte humaine; elles ont ravagé un édifice magnifique et symbolique, mais sans détruire l’essentiel de sa structure; et la cathédrale pourra être reconstruite, d’autant plus qu’un nombre important des trésors qui s’y trouvaient ont pu être préservés. Cela laisse de la place pour quelques autres sujets de préoccupation plus importants.

Ensuite, nous avons aussi très envie de dire beaucoup de mal de tous les gens qui ont écrit exactement ce que nous venons d’écrire, à savoir qu’il y a d’autres préoccupations plus importantes. Nous pensons à des préoccupations réellement plus importantes; eux ne pensent qu’au réchauffement climatique ou aux inégalités sociales. C’est la négation de notre civilisation! A quoi servirait-il de vivre dans un climat tempéré ou dans une société égalitaire si nous n’avions ni églises ni cathédrales? A quoi servirait-il de sauver le monde si celui-ci n’avait pour seule religion que le tofu et le quinoa?

Nous avons tout autant envie de critiquer ceux qui voudraient absolument qu’il s’agisse d’un acte criminel. Certains aspects peuvent certes paraître troublants, mais quand on pose des questions, il ne faut pas donner l’impression qu’on a déjà choisi ses réponses. Seul est sage celui qui sait qu’il ne sait pas grand-chose.

Ayant ainsi dit beaucoup de mal de beaucoup de gens, nous terminerons sur trois constatations qui nous remplissent d’une satisfaction bien réelle quoique légèrement narquoise.

La première: ce jour-là, à Paris, les prières de rue ont été faites par des chrétiens.

La seconde: la très socialiste mairie de Paris accueille désormais dans ses murs les nombreux objets religieux sauvés de la cathédrale.

La troisième: dans un pays où plus d’une quarantaine d’églises ont été démolies à coups de pelles-mécaniques depuis l’an 2000, on a entendu le président de la république se présenter, peut-être un peu malgré lui, en (re-)bâtisseur de cathédrale. Ce n’est pas rien.

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