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On nous écrit

Jean-Paul Cavin / Jacques PerrinOn nous écrit
La Nation n° 2132 27 septembre 2019

Quelle mouche a donc piqué Jacques Perrin ? Il nous a habitué à beaucoup mieux. Dans son dernier article « De Chigaliov à Greta » (La Nation no 2130, du 30 août 2019), il suggère que Greta Thunberg s’inscrit dans la lignée des régimes nihilistes du communisme et du nazisme et de leurs horreurs. On peut ne pas être sensible à l’action et à la personne de la jeune Suédoise, mais un tel amalgame est indécent.

Dostoïevski a raison : les hommes ont besoin de se prosterner devant une personne incarnant la perfection. Et d’accord avec J. Perrin : seul le Christ incarne cette perfection et il faut se garder de diviniser un humain. Mais les hommes ont aussi besoin, pour se donner du courage, de se référer à quelques figures emblématiques qui leur paraissent s’approcher plus que d’autres de cette perfection ou simplement incarner une vertu ou une cause que l’on croit juste. L’innombrable cohorte des saints, canonisés ou laïcs, n’a pas d’autre raison d’être. Greta Thunberg, cette Jeanne d’Arc de l’écologie, est l’une de ces figures. Son message ne s’accompagne d’aucune violence (on ne peut en dire autant de bien des saints du calendrier), mais il dérange, et suscite donc hostilité et moquerie (à l’instar de la plupart des saints). J. Perrin la qualifie de « pauvre ». Veut-il dire qu’elle est une de ces pauvres en esprit auxquels le Royaume des cieux est promis ?

De manière plus générale, si je lis toujours avec plaisir La Nation, son climatoscepticisme primaire m’agace. Avant tout parce que celui-ci ne s’exprime que par des traits ironiques lâchés un peu partout (et pas seulement dans le Coin du Ronchon). Si vous avez des raisons sérieuses de penser que les scientifiques qui tirent la sonnette d’alarme concernant le climat racontent des bobards, démontrez-le dans un article documenté et sérieux, comme vous savez si bien le faire, au lieu de vous contenter de jouer les Rösti, Trump et autres Bolsonaro…

Jean-Paul Cavin

 

Éléments de réponse

Il ne faut pas tirer les tresses de Greta «Jeanne d’Arc» Thunberg. Il est interdit de se moquer de Jacques Dubochet quand celui-ci verse des larmes en écoutant la jeune Suédoise. Ce sont des blasphèmes. La réaction courroucée de M. Cavin confirme notre idée qu’une certaine écologie fait partie des innombrables religions de substitution.

Pourtant nous n’avons rien contre Greta. Elle est sincère, elle veut sauver la planète. Nous ne l’avons pas assimilée aux nazis et aux communistes. Loin d’être nihiliste, elle aimerait conserver ce qui existe. Seulement, son injonction «je veux que vous paniquiez tous» n’est pas très habile. A-t-on jamais pris des décisions correctes en pleine panique? Churchill peut-être… Qu’est-ce que l’urgence? Combien de temps dure l’urgence? Et renoncer à apprendre les sciences à l’école le vendredi sous prétexte que les adultes n’obéissent pas immédiatement aux savants du GIEC n’est pas malin non plus. Nous avons qualifié Greta de «pauvre» parce que ses apparitions semblent mises en scène par des gens qui profitent de ses angoisses. Selon des spécialistes du syndrome d’Asperger, elle paiera, paraît-il, son incessante exposition médiatique. Nous n’avons pas de preuve qu’elle soit manipulée, mais la même impression d’un arrière-fond trouble nous a gagné lors de l’émission Temps présent consacrée aux jeunes pour le climat. Bien qu’ils soient sages et leurs slogans assez drôles, ils sont pris en main par les activistes d’Extinction-rébellion qui tirent les ficelles. Les partis exploitent le filon électoral. Une jeune popiste dirigeait l’assemblée à Fribourg. Dans le canton de Vaud, Ensemble à gauche se refait une beauté en associant protection de la nature et égalité. En France, le ministre de l’éducation Blanquer veut que 250 000 éco-délégués soient élus, un dans chaque classe de l’Hexagone.

Nous ne nions ni le réchauffement climatique ni les dégâts que la technique et l’appât du gain réunis peuvent causer à la nature. Tout autant que le réchauffement climatique, nous craignons l’alliance en devenir de tous les extrémistes voulant détruire le système et changer les mentalités: les utopistes gauchistes de toujours, les écoféministes, les antispécistes, les véganes, les malthusiens immigrationnistes, tel l’ex-ministre français Yves Cochet qui dit en substance: Les Occidentaux sont coupables de la dévastation planétaire, qu’ils cessent de se reproduire et laissent la place aux migrants climatiques, et la planète respirera mieux. Une telle alliance au pouvoir serait fatale aux libertés individuelles et collectives; les extrémistes l’emportent toujours. Nous avons de multiples possibilités de nous supprimer nous-mêmes: l’exploitation illimitée de la nature en est une parmi d’autres, comme les guerres civiles, le feu nucléaire, notre déclin démographique et la poursuite d’utopies imbéciles. Si un activiste mal intentionné cherche du personnel, il trouvera parmi les adolescents tous les gardes verts à bonnet et jean troué qu’il voudra.

La Nation n’envisage pas les problèmes écologiques en les séparant des données politiques. La biodiversité est admirable et utile, la multiplicité des peuples et des nations aussi. Quant aux discussions scientifiques, là aussi le bât blesse. Nous n’avons aucune compétence en climatologie, mais l’unanimité dans quelque science que ce soit nous étonne. 99,9% de la profession prédit l’effondrement et le 0,1% restant est payé par Trump, Bolsonaro et les multinationales? Bizarre. Les documents émanant du GIEC ne sont pas les Évangiles. Une science authentique ne s’intéresse pas seulement aux milliers de cas qui corroborent la théorie, mais aussi aux petits faits qui pourraient l’infirmer. N’y aurait-t-il donc aucun climato-sceptique pourvu de probité scientifique?

Jacques Perrin

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