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Actualités  |  Mardi 10 février 2015

Petite philosophie des fusions de communes

Ces derniers mois, plusieurs projets de fusion de communes ont été recalés, soit à l'avant-dernière étape par un conseil communal ou général, soit lors du vote populaire par une ou plusieurs des communes appelées à fusionner. La presse a énuméré les erreurs possibles: communication lacunaire, incitations financières insuffisantes, absence du gouvernement vaudois lors des travaux préparatoires, «menée» de mécontents.

Mme Métraux a déjà évoqué trois «axes de réflexion», notamment la possibilité de revenir immédiatement sur un échec par une décision du législatif des communes acceptantes. La population ne se prononcerait alors que si un référendum facultatif était lancé. On en reparlera en temps voulu.

Il ne faudrait toutefois pas faire comme si toute fusion communale était bonne en soi. Certaines s'imposent à l'évidence, notamment quand le personnel politique fait durablement défaut. D'autres, sans être aussi nécessaires, présentent d'importants avantages administratifs. D'autres encore unissent des communes qui font déjà presque tout en commun. Mais il en est aussi, parfois acrobatiques, qui semblent principalement dues à un effet d'entraînement. Peut-être cet effet s'épuise-t-il aujourd'hui, ce qui expliquerait certains refus récents.

Une fusion peut aussi avoir des retombées négatives. Ce que la nouvelle commune gagne en population et en étendue territoriale, elle peut le perdre en densité communautaire et en enracinement historique. Certains citoyens craignent de passer du conseil général au conseil communal et aux divisions électorales qu'il créera fatalement. D'autres sont touchés dans leur attachement au dessin du territoire de la commune, à son nom, à ses armoiries, au lieu d'origine. On peut bien hausser les épaules, il reste que c'est ce type d'attachement qui inspire généralement le désir de consacrer du temps aux affaires communales.

Il faut être pragmatique plutôt qu'idéologique et juger en fonction des avantages concrets durables qu'une fusion apporte à la population. Dans cette perspective, on pourrait d'ailleurs imaginer que l'une ou l'autre commune trouve des avantages à se scinder en deux entités.

En tout cas, Mme Métraux aurait tort de voir un ratage politique dans le rejet de quelques fusions. L'intérêt du Canton n'est pas qu'il y ait un maximum de fusions, mais que les fusions acceptées débouchent sur des entités cohérentes et que les communes qui refusent de fusionner continuent à bien s'administrer elles-mêmes.

Une fusion rejetée peut être acceptée dix ou vingt ans plus tard (ou pas). Le temps des communes n'est pas le même que le temps des élections. Les élus cantonaux ou communaux font trois p'tits tours, et puis s'en vont. Les communes, fusionnées ou non, passent les siècles.

(Olivier Delacrétaz, 24 heures, 10 février 2015)