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Actualités  |  Mardi 2 décembre 2014

Christianisme et islam, un besoin de vérité

Face à l'islam, le souci principal de nos Eglises semble être de préserver la paix entre les groupes religieux. On nous assure que la plupart des musulmans installés en Suisse veulent la paix – c'est sans doute vrai – et qu'il est injuste de les amalgamer aux criminels djihadistes – c'est vrai aussi.

On ajoute que les préceptes du Coran sont des préceptes de paix et d'amour. Ça, c'est au mieux à moitié vrai. Certes les adversaires déclarés de l'islam ne mentionnent guère les sourates pacifiques, préférant citer celles qui appellent au massacre des mécréants, à la bastonnade des femmes adultères et à l'amputation des voleurs. Mais on ne corrige pas une omission par l'omission inverse.

Plaidant pour une version expurgée de l'islam, les Eglises officielles sont tentées d'en faire autant avec le christianisme et de passer un peu rapidement sur les affirmations du Credo incompatibles avec le Coran. Dès lors, de même que certaines cantines scolaires françaises sont devenues islamo-compatibles par défaut (suppression du porc sous des prétextes sanitaires), nous pourrions nous acheminer vers une sorte de christianisme halal, réduit à des prédications morales et des discours laïcisants sur la liberté religieuse.

Les Eglises ne peuvent se contenter d'un bon voisinage de surface entre les religions. Leur tâche est de dire la vérité, toute la vérité. Le christianisme affirme, dans sa formulation la plus ancienne et la plus constante, que le Christ est réellement le Fils de Dieu, «né du Père avant tous les siècles». Il y a là un désaccord fondamental avec l'islam.

Pour le Coran, en effet, associer d'autres dieux à Allah est inacceptable. Même si les musulmans reconnaissent à Jésus un statut de prophète et le révèrent comme un «signe d'Allah», ils jugent blasphématoire sa prétention à la divinité. Ceux qui confessent la Trinité sont des «associateurs», promis à l'enfer. Cette croyance n'est pas réservées aux extrémistes. Elle fait partie de la foi du musulman ordinaire, comme la divinité du Christ, sa mort et sa résurrection constituent le centre de la foi du chrétien ordinaire.

Poussons-nous à l'affrontement en rappelant cela? En fait, l'affrontement a déjà commencé. On constate d'un côté la poussée continue d'une religion qui veut se faire une place chez nous – avec ses mœurs et son droit qui ne sont pas les nôtres. Et on constate de l'autre, suppléant (mal) le mutisme des Eglises, l'initiative contre les minarets – en attendant celle contre la burqa. Ces initiatives sont émotionnelles. Elles portent non sur le fond mais sur des symptômes architecturaux et vestimentaires. Leur succès populaire n'en manifeste pas moins une inquiétude que les Eglises ne peuvent ignorer ou mépriser.

La paix est désirable. Mais, pour le musulman comme pour le chrétien, il est certain qu'on ne la préservera pas, à long terme, en négligeant la question de la vérité.

(Olivier Delacrétaz, 24 heures, 2 décembre 2014)