Style et nationalisme – la dimension politique de l'écriture de Maurice Barrès

1888: un jeune dandy au visage juvénile émergeait dans le champ littéraire français de la IIIe République, publiant un curieux livre, Sous l'œil des Barbares, premier volet de ce que sera la trilogie dite du «Culte du Moi», dont le style trouble, inquiète, déroute, rappelant l'écriture phénoméniste ou impressionniste des symbolistes.

Si son nom restera gravé dans les mémoires, l'œuvre de Maurice Barrès n'accèdera pourtant jamais au panthéon des grands classiques de la littérature française: la postérité retiendra davantage l'outrance de son antisémitisme, exprimée dans de virulents pamphlets et articles publiés tout au long de l'Affaire Dreyfus, son patriotisme radical et son traditionalisme infléchissable, motivant la structure de son tryptique Le roman de l'énergie nationale, considéré comme l'exemple même du roman à thèse – genre aujourd'hui fortement décrié.

Nous nous proposerons de revenir sur sa trajectoire littéraire, partant de l'hypothèse selon laquelle son idéologie politique, fortement inspirée par les thèses nationalistes de Jules Soury, implique un certain imaginaire de la forme littéraire pouvant expliquer la singulière évolution de son style, d'une écriture artiste et symboliste quasi-expérimentale vers une prose prétendument néo-classique, soucieuse de sacrifier toute envolée romantique...

M. Thibaud Mettraux, étudiant en français moderne et en philosophie, nous présentera ce sujet mercredi prochain 24 janvier, à 20 heures, dans les locaux de la Ligue vaudoise, place du Grand-Saint-Jean 1 à Lausanne.