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Actualités  |  Mardi 4 février 2020

Quand le gauchisme infiltre le combat écologique

Pour les gauchistes, la lutte des classes n’est pas le moteur de l’Histoire, comme le professe l’orthodoxie communiste, mais simplement un conflit parmi d’autres. Cela fait qu’ils appliquent les automatismes langagiers du marxisme non seulement aux relations entre les patrons et les employés, mais aussi à toutes les relations humaines, entre les hommes et les femmes, entre les civils et les militaires, entre les objecteurs et les soldats, entre les soldats et les officiers, les jeunes et les vieux, les Blancs et les Noirs, les nationaux et les étrangers.

Alors que le marxisme se situe dans une perspective historique qui débouche sur la lutte finale, la dictature du prolétariat, le rabougrissement progressif de l’Etat et la société sans classe, le gauchisme n’offre aucune vision à long terme. Il n’offre que la division à court terme, y compris à l’intérieur de ses propres troupes. Poison neurologique de la société, il s’infiltre partout où apparaît un besoin social, voire une simple revendication, même pas forcément justifiée. Il ne le fait pas dans le but de contribuer à la satisfaire, mais dans celui de la récupérer et de la transformer en conflit. Ses bandes «antifascistes» armées et masquées l’ont fait lors des manifestations des Gilets jaunes.

C’est aussi ce qu’il est en train de faire ces jours avec le mouvement «Grève du Climat». Les affiches placardées à l’occasion des élections complémentaires au Conseil d’Etat relèvent du gauchisme basique plus que du souci climatique: «Un·e Vaudois·e sur 20 vit en situation de pauvreté malgré l’aide publique»; ou encore: «La moitié de la fortune vaudoise est détenue par 4,7% des contribuables». Et toutes se concluent par l’appel suivant: «Le Conseil d’Etat ne nous sauvera pas: grève générale le 15 mai!». Le logo représente une flamme orange et rouge sur un disque bleu. Le symbole est clair.

L’écologie a développé une pensée complexe, qui intègre l’homme et la nature dans un ensemble de dépendances et d’équilibres fragiles et nécessaires. C’est une pensée systémique pour laquelle tout est lié en profondeur. Elle demande un retour au niveau des émissions de carbone des années 1950, à la consommation locale, aux circuits de commercialisation courts, à l’autosuffisance alimentaire du pays. Elle est orientée vers le bien commun plutôt que vers le conflit généralisé. Même s’ils font souvent preuve d’une confiance toute technocratique dans la contrainte des lois, les écologistes le font dans une perspective plutôt conservatrice que révolutionnaire, plutôt locale que mondialisante, plutôt organique que rationaliste.

Comment une telle pensée peut-elle s’allier, dans sa lutte climatique, à une idéologie individualiste, jouisseuse et destructrice qui est, en toutes choses, aux antipodes de la sienne?

(Olivier Delacrétaz, 24 heures, 4 février 2020)