Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée
Actualités  |  Mardi 23 juin 2020

La race, c’est ce qui reste quand on a tout détruit

Il n’y a pas si longtemps, il était communément admis que l’humanité était divisée en groupes raciaux, lesquels se distinguaient par leurs caractéristiques morphologiques, couleur de la peau, chevelure, ossature, angle facial, etc.

Et puis, au début de ce siècle, des généticiens affirmèrent que, de leur point de vue, les différences entre les races étaient minimes, au point même qu’il y avait quelquefois plus d’écart génétique entre des individus d’une même race qu’entre des individus de races différentes. Il n’en fallut pas plus pour conclure que les races n’existaient pas. Contraire au témoignage des sens, la conclusion rencontra néanmoins un certain succès moral, car elle enlevait tout fondement scientifique au racisme: pas de race, pas de racisme!

Mais voici qu’aujourd’hui, les distinctions raciales reviennent en force, proclamées à coups de cortèges, de revendications compensatoires, de déboulonnages de statues et de barbouillages de vitrines. Ces distinctions ne sont toutefois plus présentées comme des réalités biologiques, mais comme des «constructions sociales» visant à maintenir la domination des Blancs sur les autres races.

C’est la théorie du «racisme systémique», importée des universités américaines les plus progressistes, selon laquelle la société occidentale est structurellement raciste, depuis toujours et sous chacun de ses aspects. Il en résulte que chaque membre de cette société est raciste lui aussi, même s’il ne le sait pas, même s’il réprouve le racisme et qu’il en a donné mille preuves: le Blanc est coupable par essence d’une faute irréparable, et le Noir, victime non moins essentialisée, est invité à exiger sans cesse de nouvelles réparations.

Le fait est que les préjugés racistes sont vivaces et ne disparaissent jamais complètement. C’est ce dont témoignent les mouvements antiracistes après plus de vingt-cinq ans de combat acharné. En revanche, ces préjugés peuvent être désamorcés grâce à l’éducation et aux mœurs. C’est en gros ce qui se passe chez nous: la camaraderie scolaire, les relations professionnelles, l’engagement associatif et sportif, la pratique religieuse, les rapports de voisinage, les souvenirs partagés et, surtout, les liens d’amitié dépassent et intègrent les différences raciales.

Ces réussites intégratives sont peut-être partielles et relativement fragiles. Elles n’en sont pas moins efficaces pour assurer la paix sociale et le respect mutuel. Ces apports précieux de notre civilisation n’ont évidemment aucune valeur aux yeux de ceux qui veulent sa disparition. Mais si la disparition devait effectivement avoir lieu, les seules collectivités humaines qui subsisteraient alors seraient les races à l’état brut, leur évidence physique immédiate et la haine réciproque qu’on est en train de leur inoculer.

(Olivier Delacrétaz, 24 heures, 23 juin 2020)