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Le Général Guisan et l’esprit de résistance

Jean-Jacques Rapin
La Nation n° 1881 29 janvier 2010
Le 12 avril 2010, à la Cathédrale de Lausanne, une cérémonie commémorative réunira des délégations venues de toute la Suisse, pour marquer, jour pour jour, le 50e anniversaire des obsèques du Général Guisan. On rappellera ainsi tout ce que l’on doit à cette haute figure de notre histoire récente.

A cette occasion paraîtra un livre de Jean-Jacques Langendorf et Pierre Streit, dont le titre est significatif, Le Général Guisan et l’esprit de résistance (1). Il devient en effet de plus en plus nécessaire de souligner à quel point, après l’effondrement de la France et l’entrée en guerre de l’Italie, en mai-juin 1940, notre pays se trouvant pour la première fois de son histoire complètement encerclé, le Général a su incarner une volonté de résistance absolue, celle-là même qui est symbolisée par le Rapport du Rütli, du 25 juillet 1940, et la création du Réduit alpin.

Pourquoi? Devant la menace écrasante du binôme aviation-blindés, responsable des défaites de la Pologne, de la Belgique, de la Hollande et de la France, le Général s’est sans doute rendu compte que la défense de la totalité du pays, avec son Plateau, était une impossibilité, voire un non-sens ou même un piège. Il a donc pris la décision – très difficile! – de créer un Réduit alpin, et pour cela, de motiver l’Armée en la chargeant de la lourde mission de se replier sur les Alpes, pour en fortifier la position. De motiver aussi le peuple d’accepter les sacrifices propres à sa survie, en lui confiant des responsabilités comme le Plan Wahlen, la mobilisation de la paysannerie ou l’engagement de la population féminine (analogue aux lottas finlandaises).

Cet ouvrage n’est pas une nouvelle biographie, ni une hagiographie, mais une étude originale. Enrichi de documents inédits, il met en évidence la valeur hautement dissuasive d’une telle décision stratégique, si hardie et si courageuse, qu’elle place le Général Guisan, âme de la résistance, au niveau d’un Maréchal Mannerheim, lors de la guerre russo-finlandaise de 1939-1940. Il rappelle aussi l’exceptionnelle relation de confiance entretenue par le Général avec le peuple suisse.

Mais un tel livre a encore une tout autre dimension. Il met en évidence la nécessité vitale pour un peuple de connaître son passé. Nul n’a le droit de l’occulter ou de n’en donner qu’une vue sélective. Vouloir ignorer cette réalité est une action perverse. Elle casse les liens nécessaires qui unissent les générations, basés sur la confiance et l’estime de ceux qui nous ont précédés. Elle introduit ce virus trop connu de l’autodénigrement, de l’auto-flagellation et du mépris de soi-même.

Des êtres comme Guillaume-Henri Dufour ou Henri Guisan sont des figures tutélaires qui appartiennent, qu’on le veuille ou non, à notre inconscient collectif. Leur vie et leur exemple – avec leurs ombres et leurs lumières – doivent rester présents au sein de la communauté, et comme tels, doivent être transmis aux générations successives, sous peine de désertification spirituelle.

 

PS: Depuis dix ans déjà, une collaboration féconde s’est établie avec Jean-Jacques Langendorf, au cours desquels pas moins de sept publications et traductions ont vu le jour, dans le même esprit que le présent ouvrage (ici avec la collaboration de Pierre Streit). Nous saluons donc tout ce que nous devons à ses talents d’écrivain et d’historien, et tout ce qu’il a apporté à la cause que nous défendons ici.


NOTES:

1) En souscription aux Editions Cabédita, Rte des Montagnes 13, 1145 Bière, au prix de Fr. 36.- plus port.

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