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Les blogs contre la médiacratie

Denis Ramelet
La Nation n° 1978 18 octobre 2013

La «médiacratie», l'oligarchie médiatique, c'est la caste des journalistes dominants, doublement dominants: ceux qui travaillent pour les médias dominants – les grandes chaînes de radio et de télévision ainsi que les journaux à grand tirage – et qui appartiennent au bord idéologique dominant, à savoir la gauche. En effet, les enquêtes menées en France depuis une bonne dizaine d'années donnent des résultats d'une constance remarquable: les journalistes des médias dominants sont à 75% de gauche1. Les téléspectateurs et auditeurs de la RTS ainsi que les lecteurs du Temps, de 24 heures et du Matin constatent tous les jours que cette proportion est au moins aussi forte en Suisse romande.

Par définition, les médias (du latin medium, «intermédiaire») s'interposent entre l'homme et la réalité. Les journalistes devraient normalement être des télescopes (les reporters) ou des microscopes (les enquêteurs) permettant à l'homme de la rue de connaître des réalités invisibles à l'œil nu, qu'elles soient éloignées, compliquées ou cachées. Trop souvent hélas, les journalistes sont des lunettes déformantes, des militants politiques déguisés en journalistes, qui déforment la perception que l'homme de la rue a de la réalité, dans le but de lui faire prendre des vessies pour des lanternes. Un exemple parmi d'autres: les médias soumettent la population à un lavage de cerveau permanent visant à lui faire croire qu'il n'y a pas d'augmentation de l'insécurité réelle mais seulement du «sentiment d'insécurité».

La tendance naturelle des téléspectateurs à prendre pour la réalité les images qu'ils voient à la télévision, et le pouvoir que cela donne à ceux qui fabriquent les images, tout cela a été anticipé par Platon – 2300 ans avant l'invention de la télévision! – dans sa fameuse "allégorie de la caverne":

Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne [...]; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu'ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête; la lumière leur vient d'un feu allumé sur une hauteur, [...] derrière eux; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée: imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles. [...] Figure-toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des objets de toute sorte, qui dépassent le mur [...]. Penses-tu que dans une telle situation [les prisonniers] aient jamais vu autre chose [...] que les ombres projetées par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face? [– Assurément non.] Si donc ils pouvaient s'entretenir ensemble, ne penses-tu pas qu'ils prendraient pour des objets réels les ombres qu'ils verraient? [– Assurément oui.].2

Il y a trois manières de «sortir de la caverne», c'est-à-dire de pallier la déformation des lunettes médiatiques. La première est de se passer de lunettes. Non seulement cela est presque impossible, les médias étant omniprésents, mais encore cela se ferait au prix d'un regrettable rétrécissement du champ de vision. La deuxième manière est de trouver des lunettes non déformantes. Si l'existence de telles lunettes – c'est-à-dire de médias sans parti-pris, qui se font un point d'honneur de montrer la réalité telle qu'elle est, sans la déformer – est théoriquement possible, leur existence est rare en pratique, en tout cas pour le moment, à tel point qu'aucun nom ne nous vient à l'esprit.

En l'état actuel des choses, la seule manière de pallier tant que faire se peut la déformation des lunettes médiatiques est d'avoir à disposition plusieurs paires de lunettes. Précisons: plusieurs paires de lunettes ne présentant pas la même déformation. Inutile, en effet, d'essayer de corriger la déformation de la RTS par celle – identique – du Temps ou de 24 heures. Les médias dominants étant très nettement orientés à gauche, il faut se tourner, pour trouver d'autres lunettes, vers des médias non conformistes, en particulier des blogs.

La Nation a déjà plusieurs fois recommandé à ses lecteurs d'aller visiter LesObservateurs.ch3, animé par Uli Windisch, ainsi que Commentaires.com4, animé par Philippe Barraud. Nous ajoutons ici Réduit national5, qui se présente, tant par les thématiques que par la ligne graphique, comme l'équivalent suisse de François de Souche (voir ci-dessous).

La France connaît une floraison de blogs non conformistes, dont certains commencent à peser dans l'arène médiatique. A tout seigneur, tout honneur, commençons par François de Souche6, blog de tendance «identitaire» qui produit peu de contenu propre mais republie (souvent sans commentaire) toutes les actualités qui ont trait à l'immigration et à l'islam. Outre les sujets «mis en avant» au centre de la page, ne pas manquer la colonne «en bref» à droite de l'écran.

Autre poids lourd de la «blogosphère» non conformiste française: Le Salon Beige7, qui se définit lui-même comme un «blog d'actualité par des laïcs catholiques». Là aussi, peu de contenu propre mais de bons commentaires de l'actualité politique et religieuse d'un point de vue catholique traditionnel (non lefebvriste). Le Salon Beige a été, au printemps dernier, le principal porte-parole officieux de la «Manif pour Tous» et du mouvement des Veilleurs.

Nouvelles de France8 publie chaque jour plusieurs articles de fond d'inspiration libérale ou conservatrice.

Enquête & Débat9, animé par Jean Robin, est difficile à classer: par exemple, il critique à la fois l'islam et le Front national. Les points de vue exprimés sont souvent originaux.

Last but not least, le petit dernier, notre chouchou du moment: Boulevard Voltaire10, créé par Robert Ménard, un des fondateurs de Reporters Sans Frontières. Une dizaine d'articles par jour, pas trop longs, parfaitement calibrés pour la lecture à l'écran, d'un mordant digne de Voltaire. Nos chroniqueurs préférés: Dominique Jamet (qui anime le blog avec Robert Ménard), Gabrielle Cluzel et Nicolas Gauthier.

* * *

Grâce à internet en général et aux blogs en particulier, la gauche perd petit à petit le monopole médiatique qu'elle détient depuis une quarantaine d'années. C'est une bonne nouvelle.

 

Notes:

1 Voir en particulier le n° 209 de l'hebdomadaire Marianne (23 avril 2001) et le n° 33 de la revue Médias (été 2012). L'enquête de l'institut de sondage Harris Interactive pour Médias est en accès libre sur internet (www.harrisinteractive.fr/news/2012/CP_H IFR_Medias_14062012.pdf).

2 Platon, La République, livre VII, 514a – 515b, traduction de Victor Cousin.

3 www.lesobservateurs.ch

4 www.commentaires.com

5 www.reduitnational.com

6 www.fdesouche.com

7 www.lesalonbeige.blogs.com

8 www.ndf.fr

9 www.enquete-debat.fr

10 www.bvoltaire.fr

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