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La gérontocratie nous menace-t-elle?

Kevin Belet
La Nation n° 2054 30 septembre 2016

Avec le vieillissement de la population l’électeur médian aura 60 ans en 2035. Autrement dit, il y aura autant de votants qui auront plus de 60 ans que de votants ayant moins de 60 ans.

Ce constat est problématique pour certains politiciens de toutes tendances politiques. Ils souhaiteraient dépouiller, en partie, les seniors de leurs droits civiques. Plusieurs idées ont émergé. Parmi celles-ci, le think tank libéral Avenir suisse propose de donner un droit de vote aux enfants dès leur naissance, qui serait exercé par les parents jusqu’à leur majorité. A la suite du Brexit, la socialiste zurichoise Jacqueline Fehr propose de compter double les voix des 18-40 ans afin d’atténuer la dérive gérontocratique1.

De manière générale, les propositions visant à favoriser une partie de la population au détriment d’une autre dans les votes en démocratie directe sont contraires à ce principe. Dans le cas présent, elles établissent un vote plural différencié selon l’âge et contredisent le principe de simplicité indispensable à la pratique de la démocratie directe.

Ce type de propositions révèle passablement de préjugés sur nos aînés. Le premier est qu’ils seraient un tout monolithique de votants. Or, les septuagénaires d’aujourd’hui ont connu des systèmes politiques totalement différents de ceux proposés de nos jours. Par exemple, les deux grands blocs durant la guerre froide. Autrement dit, ils ont appris à penser en alternative. Cela fait de cette classe d’âge un groupe plus hétérogène que la classe d’âge des moins de 35 ans qui eux n’ont connu que le système néo-libéral et qui pensent, au contraire, seulement des nuances au sein du même système. Autrement dit, en alternance.

L’autre préjugé est que les aînés ont moins le droit à la parole étant donné qu’ils ne vivront pas aussi longtemps que les jeunes avec les conséquences de leurs choix. Or, les gens peuvent ne pas voter que par pur intérêt personnel, mais il leur arrive de prendre en compte des intérêts supérieurs tels que ceux de la société dans son ensemble. C’est particulièrement le cas en Suisse car ce pays possède une grande expérience de la démocratie directe et ne cesse de surprendre à l’étranger par l’objet de ses votations et leurs résultats.

Il est possible que le vieillissement de la population ait des conséquences sur la démocratie directe, mais ces dernières sont peu claires car l’électeur n’est pas réductible à son âge. Il y a une myriade d’autres facteurs qui le déterminent dans son vote: facteurs familiaux, sociaux et professionnels, engagements religieux ou associatifs, choix idéologiques, etc. Néanmoins, il reste toujours un travail d’éducation à faire sur l’importance de l’exercice du droit de vote et sur la participation politique chez les jeunes et ce d’autant plus avec le renversement de la pyramide des âges.

Notes:

1 «Les voix des jeunes doivent-elles compter double?», Le Temps, 29.06.2016.

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