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Le CO2 et le changement climatique

Jean-François Pasche
La Nation n° 2137 6 décembre 2019

Mercredi 6 novembre, nous avons reçu un climatosceptique. Pour être exact, M. Jean-Christophe de Mestral a tenu à rejeter ce qualificatif dès le départ. S’il y a quelque chose que l’on ne peut pas nier, c’est l’évidence du changement climatique, et si tout le monde s’accorde au moins sur un point, c’est que de tout temps le climat a varié, les périodes de refroidissement et de réchauffement se succédant depuis l’existence de la Terre. Dès lors, notre conférencier estime que la notion de climatoscepticisme n’a pas de sens. La question n’est pas de savoir si le climat change, mais pourquoi il change, si l’on se dirige vers un réchauffement, une stabilisation ou un refroidissement de l’atmosphère et à quelle vitesse.

Selon le Groupement intergouvernemental pour l’étude du climat (GIEC), la chose est absolument claire: le réchauffement climatique actuel est anthropique et progresse bien trop vite. Il fonde cette conclusion sur le fait que la concentration en CO2 a fortement augmenté dans l’atmosphère depuis le début de l’ère industrielle, passant de 280 parties par million (ppm)1 environ vers 1800 à plus de 400 ppm aujourd’hui. D’après les scientifiques du climat, qui se fondent sur l’analyse de carottes de glaces prélevées en Antarctique, jamais une telle augmentation en si peu de temps n’a eu lieu depuis que l’homme existe. Il en est donc forcément responsable, en raison de l’usage des ressources fossiles.

Pour M. de Mestral, le fait que le GIEC fonde son modèle avant tout sur la quantité de CO2 dans l’atmosphère pose plusieurs problèmes. D’innombrables autres paramètres influencent le climat, à commencer par la couverture nuageuse, qu’il est impossible de prendre en compte dans les calculs, de l’aveu même des climatologues. D’autre part, le GIEC minimiserait voire négligerait l’influence de la vapeur d’eau, qui est pourtant le principal gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Il y a aussi l’activité solaire qui semble mal évaluée. En outre, la réalité a jusqu’alors toujours donné tort aux modèles climatiques. Les températures mesurées aujourd’hui sont bien plus basses que ce que prévoyaient les modèles par calcul il y a quelques années. Dans tous les cas, la thèse officielle sur le réchauffement climatique se focalise sur un seul paramètre et ne peut donc pas donner une vision complète de la réalité climatique connue à ce jour.

M. de Mestral n’a pas apporté sa propre vision des choses. Il a montré un grand nombre de graphiques mettant en avant les faiblesses de la thèse officielle sur le réchauffement climatique. Mais à vrai dire, il en va toujours de même. Chacun présente les chiffres qui lui paraissent significatifs, superposant les courbes les plus frappantes à ses yeux. Certains insistent sur le temps très long et remontent à des centaines de millions d’années pour étayer leur vision des choses. D’autres insistent sur les deux ou trois derniers millions d’années. D’autres parlent de la période chaude médiévale: il faisait plus chaud sur terre en l’an mil qu’aujourd’hui et c’est bien pour cela que le Groenland porte ce nom, qui signifie littéralement «terre verte»; il n’y aurait donc pas lieu de s’inquiéter. En réalité, il n’y a pas de consensus sur le climat. Nos médias et la classe politique en donnent l’illusion en relayant en chœur la seule thèse du GIEC. M. de Mestral a surtout voulu montrer que l’opinion dominante est basée sur une vision simpliste du phénomène climatique. Il ne suffit pas de déclarer l’urgence et de mettre en place des taxes sur le CO2 pour parvenir à une maîtrise du phénomène. Le doute se révèle bien trop grand pour céder au catastrophisme apocalyptique. Sait-on seulement avec une certitude suffisamment élevée si diminuer les émissions humaines de CO2 va être efficace contre l’augmentation des températures? Malheureusement, aucun réel contradicteur n’était présent pour défendre cette thèse avec quelque argument scientifique de valeur.

Notes:

1  Nombre de molécules de CO2 pour un million de molécules d’air, tous gaz confondus.

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