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La marmite ou la locomotive

Jean-Michel Henny
La Nation n° 2139 3 janvier 2020

«Et qu’ainsi périssent les ennemis de la République!» C’est ce que proclament les Genevois, les mains jointes, en cassant la marmite remplie de bonbons et de légumes en massepain.

C’est le 12 décembre 1602. En pleine nuit et par surprise, les mercenaires du duc de Savoie tentent d’envahir la ville de Genève, protestante et alliée du roi de France. Ils échouent, repoussés par les valeureux habitants qui défendent leur liberté et leur foi.

Le 12 décembre 2019, le Canton de Genève tout entier s’est ouvert aux Savoyards, et même aux Vaudois. Un réseau ferroviaire nommé Léman Express permet d’aller par exemple de Coppet à Evian en restant dans le même wagon. C’est un réseau de 230 km avec 45 gares. Grâce à lui, les habitants et travailleurs de toute la région peuvent éviter les aléas de la circulation automobile.

Une ligne nouvelle en grande partie souterraine relie dorénavant la gare de Cornavin à celle d’Annemasse en passant par Lancy, Champel et les Eaux-Vives. Elle dessert des quartiers habités et d’autres en devenir. L’hôpital cantonal (HUG) y est raccordé par un tapis roulant comme dans les sous-sols de Cointrin.

Dimanche dernier à l’aube, les premiers voyageurs ont découvert les véhicules aux couleurs helvéto-françaises et les grévistes de la CGT sur les quais de la gare d’Annemasse.

Les cyclistes et les piétons peuvent aussi emprunter la voie verte pour passer de Suisse en France, sur le tracé de l’ancienne ligne ferroviaire. Seul le changement de revêtement du sol permet de voir que les eaux du Foron marquent la frontière.

La construction et la mise en place de ce réseau ont été longues et difficiles. Les locomotives ne fonctionnent pas avec le même courant, les jours fériés sont différents, les lois sur le travail n’ont rien de commun et les mentalités divergent. Mais les Genevois, avec le soutien financier de la Confédération, et les Français, malgré un système centralisé où tout doit être validé à Paris, y sont arrivés.

Pour les Vaudois, et ceux de Terre Sainte en particulier, c’est une facilité pour accéder à la rive gauche du Rhône, même si certains ont vu le prix de leur titre de transport augmenter.

Et aujourd’hui, les Genevois peuvent dire «et c’est ainsi que voyagent les amis de la République!»

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