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Actualités  |  Mardi 6 mai 2014

L'austérité, c'est maintenant!

Chaque année, les impôts et les taxes rapportent davantage à l'Etat de Vaud. Le gouvernement en a déjà profité pour effacer la quasi-totalité d'une dette publique naguère encore abyssale. Il a aussi recapitalisé la plus grande partie de la caisse de pension de l'Etat de Vaud. Il constitue même quelques réserves. On ne peut que l'en féliciter. Que fait-il du reste?

Du côté des investissements, il pourrait certes faire davantage pour les transports: les routes vaudoises ne sont vraiment pas un sujet de fierté. On regrette aussi qu'il se soit montré aussi pingre à l'égard des communes. Celles-ci avaient généreusement contribué au redressement des finances de celui-là et, la prospérité revenue, attendaient une réduction substantielle de leur contribution, attente largement déçue, comme on sait.

Les dépenses sociales ont augmenté de 70% en dix ans. Une telle croissance de l'aide étatique durant une période de vaches grasses est-elle vraiment justifiée? En tout cas, le gouvernement agit comme si ses ressources allaient continuer indéfiniment de croître. Tout le monde sait pourtant que ce n'est pas possible.

A cela s'ajoute le fait qu'une partie du produit des impôts provient d'entreprises internationales qui ne se sentent aucune attache particulière avec l'Etat de Vaud. Elles sont là pour des motifs fiscaux ou de sécurité, prêtes à aller voir ailleurs si des conditions meilleures leur sont offertes.

Durant cette même période de dix ans, les coûts de l'administration générale ont crû de 40%. La perte de maîtrise est ici patente. Ces couches bureaucratiques qui recouvrent le corps de la société vont finir par l'étouffer.

Un Etat prudent conserverait à l'esprit que l'avenir des petits pays dépend de facteurs qui leur échappent pour une part non négligeable. Il intégrerait dans ses perspectives la possibilité d'une prospérité économique moindre, d'une récession, voire d'une crise.

Il veillerait à ce que ses engagements à long terme soient réduits au strict indispensable. Les aides durables créent des habitudes, lesquelles se transforment rapidement en besoins, puis en droits. Elles incitent tout naturellement leur bénéficiaire à modifier à la hausse ses engagements financiers à court et à long terme. Que se passera-t-il quand les ressources de l'Etat commenceront à se tarir? Supprimera-t-il les aides ou augmentera-t-il les impôts? La deuxième réponse est la plus vraisemblable, mais les deux seraient douloureuses.

Ne conviendrait-il pas d'inverser les choses? C'est quand la prospérité règne qu'on peut, sans trop de risques, restreindre les dépenses sociales, réduire l'administration et baisser les impôts. En temps de crise, ces mesures sont insupportables et d'ailleurs, à ce qu'on voit dans maint Etat européen, contreproductives. La Suisse, et particulièrement le Canton de Vaud sont parmi les rares Etats du monde à pouvoir se payer une cure d'austérité.

(Olivier Delacrétaz, 24 heures, 6 mai 2014)