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Magnard et Ansermet

Jean-Blaise Rochat
La Nation n° 2075 21 juillet 2017

Chaque mois, le magazine Diapason consacre une pleine page à l’un des «100 disques que tout mélomane doit connaître». On peut sourire à ce genre de classement, forcément subjectif, destiné à fournir de saines occupations à quelque naufragé sur une île déserte. Mais ne boudons pas notre plaisir: dans la dernière livraison (no 659, juillet-août), le disque proposé est la 3e symphonie en si bémol mineur op 11 (1896) d’Albéric Magnard par l’OSR. C’est le tout dernier enregistrement d’Ansermet, capté en 1968 par les ingénieurs londoniens de DECCA.

L’œuvre, une des symphonies les plus inspirées de son époque, mérite à coup sûr cette consécration. C’est une musique tour à tour âpre et tendre: un mystérieux et grandiose choral archaïsant sert d’inoubliable portique à l’œuvre; il réapparaît symétriquement, glorieux, transfiguré, à la fin du dernier mouvement. On soulignera la beauté des danses, évoquant la musique populaire de la Haute Auvergne où l’auteur solitaire et bourru s’était réfugié pour composer; et qui ne succombera pas à la grâce de l’ample mélodie nostalgique chantée par le hautbois au troisième mouvement!…

Mais l’auteur de l’article insiste surtout sur la qualité de l’interprétation: «Malgré quelques gravures ultérieures des quatre symphonies […], le parfum envoûtant d’Ansermet n’a jamais été égalé – et ne se compare qu’à lui-même (cherchez le live publié par Cascavelle, précédant de peu le disque, et le surpassant parfois). Qui rivalise vraiment avec son énergie? Avec le feu d’artifice de ses timbres?» (Jean-Claude Hulot)

Magnard était un idéaliste porté à la misanthropie. Sa mort tragique, le 3 septembre 1914, a fait l’objet d’une étude par Jean-Jacques Langendorf (Editions Le Polémarque, Nancy, 2014). On attend qu’un cinéaste s’empare d’un tel sujet: le musicien habitait un manoir dans l’Oise. Lors de l’avancée des troupes allemandes, dans la première phase de la guerre, un régiment d’uhlans franchit la clôture de sa propriété. Magnard tire, abat deux soldats, puis périt dans l’incendie de sa demeure, ordonné en représailles par l’officier responsable.

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