Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Mytheux

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 1887 23 avril 2010
Le monde ne change pas assez vite. Des vestiges du passé restent en place, indéboulonnables. On en veut pour preuve navrante que M. Alain Jeannet est encore et toujours rédacteur en chef de L'Hebdo, dont il abreuve les lecteurs de ses fantasmes, de ses frustrations, de ses phobies et de ses obsessions. On peut réciter par coeur ses éditoriaux sans les avoir jamais lus, y compris ceux qu'il n'a pas encore écrits. Et pourtant, à chaque fois, il réussit à nous consterner en étant encore plus prévisible qu'on ne l'avait prévu.

Ainsi, dans L'Hebdo du 8 avril, il s'attaque – quelle surprise! – au général Guisan. Tout, rigoureusement tout le fond de commerce de la pensée politiquement correcte y figure: la volonté de «s'interroger sur ce que cache le mythe du général» (interrogation prétexte puisque la réponse est déjà prête); la révélation que Guisan n'a pas inventé le «Réduit»; l'accusation d'avoir renvoyé des réfugiés dans des camps nazis; l'affirmation que «le pouvoir», pendant la guerre, était «en réalité principalement aux mains de l'économie»; le jugement définitif selon lequel le général n'était «pas précisément […] un génie de la stratégie militaire» (parole de fin stratège?); une critique pleine de suffisance du dernier ouvrage de l'historien Jean-Jacques Langendorf, suivie d'une citation du préhistorique et omniprésent professeur Hans Ulrich Jost, égérie de l'ultra-gauche, se posant en martyr sous prétexte qu'il aurait reçu des menaces de mort (qui semblent n'avoir jamais été mises à exécution). Enfin, pour conclure avec un sentiment d'érudition, l'éditorialiste accuse les Suisses… d'éprouver de la «timidité à questionner les mythes helvétiques»!

Il fallait oser écrire cela dans le seul pays dont l'intelligentsia auto-proclamée a passé ces vingt dernières années à cracher sur le passé et à salir l'histoire. Sans doute M. Jeannet serait-il plus heureux d'aller exercer ses talents de journaliste dans des pays où l'on éprouve moins de «timidité» à chatouiller les mythes, par exemple en France, aux Etats-Unis, à Cuba ou encore en Chine.

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: