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Jouer les classiques du XXe siècle

Jean-François Cavin
La Nation n° 2091 2 mars 2018

Le coffret des 75 ans de l’Orchestre de chambre de Lausanne, que J. Perrin a évoqué dans ces colonnes en présentant le livre d’Antonin Scherrer consacré à notre orchestre, ravive d’excellents souvenirs, avec sa série d’enregistrements dirigés par les chefs successifs, de Victor Desarzens jusqu’à Joshua Weilerstein. On y trouve notamment le Kammerkonzert no 4 de Paul Hindemith, dans une excellente interprétation avec Victor Desarzens à la baguette et Stéphane Romascano comme violon solo. C’est une belle musique, fortement charpentée mais aussi d’un grand lyrisme – un lyrisme sous tension, si l’on peut dire – dans le mouvement lent. Cela nous rappelle une époque où l’OCL présentait volontiers des œuvres de ceux qu’on peut désigner comme les «classiques du XXe siècle», aujourd’hui un peu oubliés.

Ce n’est pas par hasard que l’OCL s’est illustré dans ce répertoire. Après les ivresses orchestrales de la fin du XIXe et du début du XXe, les compositeurs ont souvent cherché la sobriété: le Groupe des Six en France, Hindemith justement en Allemagne; Stravinski, après des débuts débordants de couleurs, a concentré son écriture jusqu’à l’ascétisme; Honegger, Britten, Frank Martin, Martinu ont beaucoup composé pour des formations réduites. Mais voilà: nombre de ces œuvres ne sont plus guère jouées, du moins sous nos cieux.

Hindemith, pour en revenir à lui, a presque disparu des programmes. D’Honegger, dont le Roi David ne lasse certes pas, on n’entend plus guère les symphonies, assez âpres il est vrai pour certaines d’entre elles, mais si énergiques, ni même Pacific 231, plus souvent citée que jouée! Stravinski est toujours à l’honneur, Bartók aussi, mais pour certaines pièces seulement: quand avez-vous entendu pour la dernière fois les deux premiers concertos pour piano, ou la Musique pour cordes, percussions et célesta? De Frank Martin, nous n’avons pas vu à l’affiche depuis longtemps, nous semble-t-il, les fascinantes Etudes pour orchestre à corde, ni l’admirable Cornet sur le poignant poème de Rilke. Et d’Aloÿs Fornerod, remis à l’honneur en 2015 certes, on aimerait vivement réentendre le Deuxième concert pour orchestre de chambre, une de ses œuvres les plus accomplies, mais qui n’a peut-être pas retenti dans nos salles depuis sa création!

L’OCL a du beau travail à faire jusqu’à ses 100 ans!

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