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Quand les médias servent de substitut au débat

Pierre-Gabriel Bieri
La Nation n° 2099 22 juin 2018

Nous avons déjà cité plusieurs fois le site internet polony.tv, où la journaliste française Natacha Polony et quelques-uns de ses confrères publient de brèves vidéos commentant l’actualité. Ces analyses, marquées par une optique qu’on peut qualifier de «gauche souverainiste», respirent toujours l’honnêteté intellectuelle. A notre avis, elles valent les 50 € de l’abonnement annuel.

Récemment, nous avons apprécié une série de quatre interventions sur le thème «Quand les médias servent de substitut au débat». Il y était question de la manière dont la grande presse associe certaines informations à certaines sources, soit pour discréditer et étouffer un débat (par exemple en insistant sur le fait que l’affaire des viols collectifs commis à Telford en Grande-Bretagne a été «récupérée» par des publications d’extrême-droite, ce qui permet d’éviter une réflexion de fond sur cette affaire), soit au contraire pour donner de l’écho à telle ou telle opinion tout en se réfugiant derrière le paravent de neutralité qu’offre la simple citation d’autres médias. C’est le cas notamment lorsque des journalistes se mettent à citer «la presse étrangère», comme s’il s’agissait d’une entité bien définie, en choisissant les articles allant dans le sens voulu. La presse étrangère critique… ne comprend pas… se moque… réagit sévèrement… Un article d’opinion ? Mais pas du tout, nous ne faisons que relater les réactions de la presse étrangère !

Autre technique, le fact checking (vérification du bien fondé de telle ou telle déclaration) qui est appliqué majoritairement à des personnalités «d’opposition», dont les erreurs factuelles les plus minimes sont montées en épingle dans le but de tourner en ridicule les personnes visées – tout en évacuant le débat de fond. Enfin, le cas de Twitter a été évoqué, dont les contenus rarement nuancés et naturellement tranchés donnent lieu à des polémiques souvent artificielles que la grande presse relaie en les présentant comme de véritables débats de société.

Les médias cherchent à «faire du journalisme d’opinion sans avoir l’air d’y toucher». Il est réjouissant d’entendre des journalistes dénoncer cette dérive.

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