La biodiversité victime de l’écologie

Dans un communiqué à l’ATS du 20 novembre dernier, l’Association Transports et Environnement ATE Vaud, DarkSky (pour des éclairages respectueux de l’environnement et pour la sauvegarde de la nuit), BirdLife (protecteurs de la nature et des oiseaux), le WWF Vaud et Pro Natura Vaud annoncent une analyse commune sur la révision de la Loi vaudoise sur l’Energie (LVEne).

Pour ces organisations, cette loi «constitue une base minimale pour espérer atteindre les objectifs cantonaux et fédéraux en matière d’émissions de CO2, et de consommation d’énergie en faveur de la transition énergétique» avec cependant des objectifs temporels pas assez ambitieux «au vu de l’urgence climatique». Les ONG soulignent encore que la transition énergétique ne saurait se faire au détriment de la protection des paysages et de la biodiversité.

Le même jour, le député vert et syndic de Daillens, Alberto Mocchi, plaide, dans une Réflexion parue dans 24 heures, pour un compromis parlementaire sur l’initiative fédérale «Pour l’avenir de notre nature et de notre paysage», estimant que «la biodiversité est aussi en souffrance chez nous».

La Ligue vaudoise est aussi préoccupée par les atteintes que la biodiversité subit dans notre pays. Entre les libéraux qui croient que le progrès technique permettra à l’infini de résoudre les problèmes créés par les progrès antérieurs et les socialistes qui s’en remettent à l’Etat providence pour écarter tous les obstacles au sens de l’histoire, elle considère que la nature, le paysage, mais aussi les communautés doivent être préservées, entretenues et encouragées¹. Notre mouvement est persuadé qu’il est illusoire de vouloir sauver l’humanité si on ne sauve pas aussi le cadre naturel de sa perpétuation. Le virage écologiste doit mener à un renforcement de la responsabilité et des moyens d’actions des communautés au niveau local, dont les communes.²

C’est pourquoi la Ligue vaudoise, contrairement aux associations écologistes susmentionnées, est réservée sur la Loi fédérale sur le climat récemment adoptée et sur le projet vaudois (LVEne) auquel elle s’est opposée en consultation, qui témoignent d’une vision technocratique de l’écologie: planification étatique, mesures législatives contraignantes et tatillonnes. Ces lois se gargarisent de grands principes et d’objectifs aussi ambitieux que lointains, sans oser aborder les moyens (formation de techniciens, production de batteries, financement des rénovations) et les sacrifices (diminution du confort, habitudes alimentaires, taxes et impôts nouveaux) qui seraient nécessaires pour y arriver, cela pour ne pas froisser l’électeur.

Le Mantelerlass³ sur l’énergie et sur l’approvisionnement électrique est de ces lois qui, au nom d’une grande cause urgente (l’approvisionnement électrique renouvelable), font table rase du cadre juridique fondant notre Etat de droit (fédéralisme, pesée des intérêts et proportionnalité). Cette loi adoptée par le parlement fédéral met en particulier en danger la biodiversité, puisqu’elle vise, entre autres, à construire de grands parcs éoliens et solaires, y compris dans des territoires encore préservés, sans possibilité d’y opposer des intérêts contraires. Il s’agit donc de démanteler la protection des forêts (instituée en 1876), de la nature et du paysage (1962) et des biotopes (1987).

Nous invitons donc les Verts vaudois, l’ATE Vaud, DarkSky, BirdLife, le WWF Vaud et Pro Natura Vaud à démontrer leur attachement à la préservation de la biodiversité, au-delà de l’idéologie centralisatrice et technocratique, en soutenant le référendum contre le Mantelerlass fédéral. En attendant ce ralliement, nous encourageons nos lecteurs à le signer et faire signer! Notre position détaillée est consultable sur notre site www ligue-vaudoise.ch.

Notes:

¹   F. Monnier, Pour une écologie politique nationale, CRV 155, p. 89.

²   J.-M. Henny, Les Communes vaudoises: une diversité à préserver, CRV 157, p. 79.

³   Intraduisible en français: acte - modificateur/créateur/législatif/programmatif - unique/global.