Genre: des chiffres pour relativiser certaines modes
Lorsque les «études genre» font apparaître des biais scientifiques, par exemple en médecine, elles sont utiles. Mais lorsqu’elles affirment que le genre est une pure construction sociale, indépendante du sexe biologique, elles dérapent.
Sous leur influence, diverses dispositions «non genrées» ont été prises. Par exemple, à l’UNIL, les diplômes ne mentionnent plus si «Camille» ou «Dominique» sont Monsieur ou Madame. A la HEP, ces diplômes non genrés ne sont délivrés que sur demande. Or, de 2020 à 2023, sur près de 4000 diplômes délivrés, un seul a fait l’objet d’une demande d’effacement du genre. Un seul sur 4000! Alors que les milieux qui militent pour la transition de genre parlent de 10% de personnes en «dysphorie de genre».
Sur près de 85 000 naissances annuelles en Suisse, on dénombre 30 bébés dont le sexe anatomique est incertain. Parler de «genre assigné à la naissance», comme d’une démarche administrative, est donc une absurdité. Dans 999,6 naissances sur mille, le sexe biologique ne souffre aucune contestation. Et dans le 0,4 pour mille restant, ce n’est justement pas à la naissance, mais après plusieurs semaines ou mois qu’on peut «assigner» un sexe.
En médecine, on ne parle que de normes: tension artérielle, cholestérol, situation anatomique, etc. Le médecin est donc habilité à affirmer que, dans la norme, le sexe biologique et le genre sont identiques.
Il ne fait pas de doute que des patients en «dysphorie de genre» souffrent, tout comme souffrent les jeunes qui se trouvent trop petits, trop grands ou trop blonds. Mais la médecine doit être honnête: une transition de genre constitue toujours une mutilation, qu’elle soit hormonale ou chirurgicale. Et toute démarche de propagande visant à pousser des enfants ou des jeunes à effectuer une «transition» doit être mesurée à cette aune. Il est toxique de demander à un petit garçon de 6 ans s’il ne préférerait pas être une fille: c’est aussi irresponsable que de lui demander s’il ne préférerait pas avoir d’autres parents.
Alors pourquoi les «études genre» ont-elles un tel pouvoir sur nos sociétés? La puissance du lobby LGBT constitue une part d’explication. Ajoutons-y tous les idéologues de gauche qui refusent le rôle de l’hérédité dans l’identité d’un individu, tout étant «acquis» sous l’influence de la société.
Mais ce sont surtout une pléiade de chercheurs académiques – sociologues, psychologues, juristes, médecins, etc. – qui trouvent dans les «études genre» une mine de sujets d’études, de publications, de conférences et d’interviews dans les médias sans lesquels ils n’auraient absolument rien d’intéressant à dire.
Alors revenons-en aux chiffres. Notre société s’honore du soin qu’elle apporte aux plus faibles. Mais elle ne saurait soumettre la majorité à d’infimes mais puissantes minorités.
(article paru dans 24 heures du 24 mai 2024)
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Le regard qui blesse – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Alter-européismes – Benjamin Ansermet
- Vaincre la peur – Jean-François Cavin
- On nous écrit – On nous écrit, Bertrand de Felice
- Occident express 124 – David Laufer
- Aspects de l’étatisation progressive de la société sur le plan fédéral – Jean-Hugues Busslinger
- Chronique sportive – Antoine Rochat
- Qui veut la peau de Roger Pouivet? – Jacques Perrin
- La fête à Doret – Frédéric Monnier
- Vie de château – Le Coin du Ronchon