Les Anciens et les Modernes

Georges Steiner a écrit quelque part que les langues s’apprennent à la sueur de l’âme. Nous sommes quelques-uns à avoir aimé cet apprentissage et cet effort. C’était du temps où l’école était un lieu d’exigence et non de compassion, avant que les maîtres ne deviennent des assistantes sociales ne portant leur regard strabique que sur les accidentés de la vie, les blessés de la grisaille et les cendreux. Nos écoles sont, désormais, des infirmeries. Nous faisions nos humanités, les Modernes de l’humanitaire. Nous pensions, ils s’émeuvent. Nos maîtres sculptaient nos intelligences et forgeaient nos caractères – les verbes disent une salutaire violence –, les enseignants d’aujourd’hui consolent. L’idéologie égalitaire forme des bataillons de médiocres à l’invérifiable intelligence du cœur. Analphabètes, illettrés, mais ouverts sur le monde. Voyageurs sans bagages. Intellectuellement et culturellement des smicards.