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24 heures fête ses deux-cent cinquante ans: un chef d’œuvre

Daniel Laufer
La Nation n° 1936 9 mars 2012

24 heures est mon quotidien préféré; c’est aussi le seul parce que je ne m’imagine pas me lancer à la 25e heure… dans Le Temps. Le temps pour moi, c’est 24 heures. Toute la journée. Et le premier avantage de 24 heures sur Le Temps, c’est qu’il vous prend moins de temps. Si d’aventure des amis très cultivés, comme le sont les abonnés du journal genevois, daignent nous associer à leur plaisir en nous signalant telle page, tel article dont on ne trouvera jamais l’équivalent dans 24 heures, c’est très bien, merci beaucoup, mais en réalité, ils comptent beaucoup plus sur nous que nous sur eux 1) à cause des caricatures de Burki; 2) à cause de la page des morts; 3) à cause du Courrier des lecteurs; 4) à cause de l’agenda. Là, je suis délibérément injuste, car il y a aussi des articles intéressants dans mon journal, même dans les éditoriaux, et souvent dans l’édition culturelle du samedi.

Tout cela était parfaitement vrai jusqu’au 31 décembre 2011. Mais tout a changé le 1er  janvier.

Pourquoi? Parce que 24 heures fête ses 250 ans. Et, malheureusement, mon quotidien préféré est devenu tellement intéressant d’un jour à l’autre, et même d’une année à l’autre, que j’y passe plus de temps que je n’en aurais jamais consacré à aucun autre journal concurrent. Je ne sais dans quel cerveau a jailli, dans la préparation de cet anniversaire, l’idée toute simple et géniale de consacrer une page entière, et pas n’importe laquelle, mais bien la dernière, oui, la page qu’on n’a pas besoin de chercher, celle qui s’offre mieux encore que la première à votre regard, celle sur laquelle on tombe agréablement avec le pli du journal dans la main droite, donc de consacrer cette page aux événements, aux manifestations de tous ordres, mondains ou politiques, artistiques ou religieux, aux chiens écrasés, et j’en passe, de chaque année dès 1762, à raison d’une année par numéro, du lundi au vendredi, dans l’ordre croissant naturellement. Nous en sommes donc, ce vendredi 1er mars 2012, à l’année 1805. On y apprend que «la Révolution vaudoise n’a pas inspiré les peintres, hormis Dumoulin», lequel Dumoulin a peint en 1805, en effet, le fameux Incident de Thierrens, dont Françoise Jaunin a pris soin de nous offrir une reproduction en pleine page. Je m’arrête à cette page parce que c’est aujourd’hui le 2 mars 2012, mais l’on devrait, pour bien faire, citer toutes les pages, de 1762 à…, qui chacune, sous d’excellentes plumes, présente l’année de référence non sans recourir à une iconographie intéressante, et souvent originale, par exemple la création de la monnaie vaudoise, les batz, coulés en 1804 dans les caves du parlement en construction. A côté ou en marge de l’article principal, 24 heures vous offre quelques repères historiques, comme en 1805 l’ouverture du col du Simplon aux véhicules, la bataille d’Austerlitz ou… la destruction de la porte de Saint-François, ou bien, en 1802, l’arrestation du «Général» haïtien Toussaint Louverture que Bonaparte fait emprisonner au fort de Joux, où il mourra d’une pneumonie l’année suivante, le rétablissement de l’esclavage par le même Bonaparte, ou encore, la même année, l’institution de la «République rhodanienne» en Valais…

De plus, outre l’inévitable quiz, souvent amusant, une colonne distincte est consacrée à un événement particulier de l’année, puisé dans divers ouvrages historiques, comme en 1802, où l’on apprend que «la messe est de retour à la cathédrale». Elle sera célébrée le 3 octobre par le curé Jacottet, d’Assens – où, comme on sait, Jean-Jacques aimait à se rendre. Hélas! ça ne durera pas longtemps.

Pour être équitable, il faudrait citer tous les auteurs de ces pages, les Gilles Simond, Julien Magnollay, Michel Rime, Philippe Dumartheray, sans oublier Gilbert Salem (que je soupçonne être la cheville ouvrière de cette belle aventure), et quelques autres à qui je demande pardon de ne pas les mentionner.

Mais la palme, jusqu’à ce jour, revient probablement au responsable de la page de 1803 qui présente l’ahurissant projet de drapeau vaudois, justement recalé, pratiquement non blasonnable et sommé d’une devise latine: Pro Libertate et Foedere, dont le style Ancien régime n’a heureusement guère séduit la Commission du Grand Conseil. Les règles de l’héraldique paraissent avoir été méconnues… et le seront encore un peu dans l’adoption finale du projet de nos armoiries.

24 heures nous offre ainsi un page vivante de l’histoire vaudoise, dans son contexte européen; c’est un véritable feuilleton qu’on se réjouit de lire chaque jour, et jusqu’à ce jour sans jamais être déçu.

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