Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Cannabis: on recommence

Guy Delacrétaz
La Nation n° 1936 9 mars 2012

Le peuple avait dit non. Clairement, avec 63% de refus, les Suisses ont refusé de dépénaliser la consommation de cannabis lors d’une votation populaire à fin 2008. Les motifs étaient divers, bien sûr, mais reflétaient largement le refus d’une accélération de la banalisation rampante de la consommation de drogues. Par ailleurs, le cannabis actuel présente des concentrations de THC sans commune mesure avec ce qu’il en était du temps du flower power, avec les effets dramatiques que chacun connaît: perte de concentration intellectuelle, désintérêt général, isolement, mais aussi altération physique du cerveau en formation chez les adolescents, développement de schizophrénie (40% des personnes atteintes de schizophrénie sont ou étaient consommateurs chroniques de cannabis), accroissement de la délinquance liée à la nécessité d’acheter son produit, développement de l’insécurité qui y est liée, etc. Mais, peu importe toutes ces bonnes raisons: le peuple a dit non. Et normalement, non c’est non.

Sous les assauts incessants des partisans de la consommation libre, pourtant, (avec l’ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss en tête de liste), le Parlement fédéral est en passe d’accepter que la consommation de cannabis soit, de fait, dépénalisée. La manoeuvre est habile: on continue de punir mais on inflige une modeste amende d’ordre, simple mesure administrative, comme pour un dépassement de temps dans un parking. Son montant de Fr. 100.– est d’autant moins dissuasif que nombreux sont ceux qui ne s’en acquitteront tout simplement pas… comme c’est déjà le cas pour les jours-amendes, autre joyeuseté fédérale.

Mais l’important n’est pas là. L’important est que les députés seront libérés de la question qui passe ainsi en mains du Conseil fédéral.

Probablement que le peuple a dû se tromper dans ses appréciations puisque le Parlement va le désavouer. Notamment parce que nombre de députés fédéraux, pourtant opposés à cette funeste évolution, disent clairement qu’ils sont fatigués de se battre sur cette question qui revient en permanence.

Le combat politique lasse, on le sait. Il faut donc savoir partir quand le moment est venu.

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: