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Formatage intellectuel

Jean-François Cavin
La Nation n° 1969 14 juin 2013

Un lecteur nous communique une étrange épreuve passée au Gymnase de Chamblandes, en matière d’économie, dans les premiers mois de 2013. Ce travail porte sur le commerce international, dont l’histoire est présentée en trois étapes typiques: la Route de la Soie, l’époque des colonies à l’image du «Congo belge», enfin l’OMC.

L’élève doit rédiger un texte témoignant de sa compréhension de ces époques et formuler un jugement de valeur en conclusion.

Quel jugement de valeur? C’est là que les choses se corsent. Car l’épreuve présente, en toute transparence autoritaire, une grille d’évaluation indiquant ce qu’il faut penser. Par exemple:

Le chapitre sur le Congo belge doit faire ressortir

1. le machiavélisme des Européens

2. leur mépris, leurs convoitises, leur égoïsme, la loi du plus fort

3. les fausses représentations véhiculées par les coloniaux

4. la destruction du partenaire conduisant à son propre affaiblissement.

Le chapitre sur l’OMC doit être fondé sur

1. la théorie des avantages comparatifs

2. la démonstration que les dix avantages de l’OMC sont assimilés.

La conclusion doit faire ressortir:

1. le commerce international est né du hasard

2. le scandale de la colonisation et des rapports de force

3. le commerce international comme vecteur de paix et de développement global.

Nous n’allons pas, bien sûr, oublier les atrocités commises, à la fin du XIXe et au tout début de XXe siècle, dans l’État indépendant du Congo (qui n’était pas encore le Congo belge mais se trouvait placé sous la souveraineté personnelle de Léopold II); de là à mettre tous les Européens dans le même sac… Nous n’allons pas nier certains avantages de l’OMC; de là à en réciter la liste en dix points sans songer aux défauts de cette organisation… Nous n’allons pas contester que le développement du commerce international favorise partiellement l’établissement de rapports constructifs entre États; de là à y voir le chemin de la paix…

Les gymnasiens de Chamblandes ne sont pas libres d’écrire ce qu’ils pensent. Au moins savent-ils comment décrocher une bonne note.

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