Energie jurassienne

Par quel miracle la nature a-t-elle doté d’une telle énergie la population de l’arc jurassien, de Genève à Bâle, et particulièrement du Brassus jusqu’au Creux-du-Van? La douceur évaporée du Lac Léman endort les Vaudois tandis que le Lac de Joux semble au contraire susciter des forces constamment renouvelées. Les manufactures conquièrent le monde entier, sous le signe de marques prestigieuses certes, mais pour beaucoup d’autres dans un anonymat extraordinairement efficace. Et cette activité très diversifiée attire depuis longtemps et comme chacun sait des milliers de frontaliers, signe heureux de la vitalité des Combiers. Ils sont un peu au Pays de Vaud ce que les Catalans sont à l’Espagne (un roi en moins). A la Vallée de Joux on défie les aléas de la conjoncture, de la mondialisation, de la baisse du franc, etc., comme si la météorologie économique n’avait pas de prise sur elle. Cela suppose un état d’esprit, une force vive, en un mot une énergie qui ne laisse pas de nous étonner, de nous réjouir.

Mais il serait tout à fait erroné de penser que ces qualités ne se retrouvent que dans le monde des affaires, de l’industrie et de la mécanique de précision. Allez vous promener par un beau jour d’hiver, et même par un très mauvais jour, sur le plateau des Rasses: des dizaines de kilomètres de pistes dans un désert blanc marqué par le noir des forêts, dégagées soigneusement dès les premières heures du jour, et qui le resteront jusqu’à ce qu’il reste encore quelques centimètres de neige! Cela suppose un engagement et un travail gigantesque, des investissements considérables en machines… qui ne sont jamais en panne, des centaines, des milliers d’heures consacrées à cet aménagement constant et… non subventionnées! Et si la neige fait défaut, comme par exemple entre le 15 novembre 2016 et le 11 janvier 2017, on garde le sourire, le sourire qui cache et qui révèle l’énergie des hommes du cru.