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La colère de M. Berset

Jean-François Cavin
La Nation n° 2090 16 février 2018

L’autre jour, M. Alain Berset, président de la Confédération, s’étranglait d’indignation devant les caméras de la TV de service public; c’est la rémunération de certains médecins qui le mettait en fureur. Lui qui s’exprime d’ordinaire de façon «aussi lisse que son crâne», selon la jolie expression d’un éditorialiste, il fulminait: un million de salaire annuel, non mais, vous vous rendez compte! Ce n’est pas acceptable!

On peut se demander s’il appartient au président de la Confédération de polémiquer sur un sujet fort controversé et de répercuter une vision unilatérale du problème. Toutefois, ce n’était peut-être pas le président qui s’exprimait, mais le chef socialiste, dans un scénario bien réglé: car quelques jours plus tard, c’est M. Maillard qui se voyait gratifié d’une grande interview par la télévision romande, où il a bien sûr remis la compresse, utilisant la chaîne de service public pour vilipender la médecine privée.

Affaire controversée que le revenu des médecins, écrivions-nous, car les montants mirobolants ne semblent concerner qu’une infime minorité de spécialistes, à charge d’ailleurs des assurances complémentaires plus que de l’assurance de base dont les primes enflent constamment; le revenu moyen des praticiens, lui, paraît se situer vers 200’000 francs annuels – cinq fois moins que le salaire des dirigeants des ex-régies fédérales.

Garder la mesure est sage en toutes choses. Les rémunérations de cinq millions, ou dix, ou davantage, versées à des chefs de grandes entreprises, correspondent à ce que ceux-ci croient valoir, et non à ce qu’ils valent. Mais ils disent que c’est l’usage pour les managers de haut vol; c’est sans doute parce qu’ils sont de haut vol qu’on leur offre des parachutes dorés. Nous n’approuvons évidemment pas cette outrance, mais il faut bien voir qu’elle ne nuit en rien à la santé de l’économie, sauf à discréditer injustement l’entreprise privée, dont l’argent n’est pas le ressort principal.

Qu’est-ce qu’un revenu exagéré? Un de nos amis donnait cette définition: c’est un revenu supérieur à celui que je peux espérer obtenir un jour. Serait-ce cela qui fait rager M. Berset? Il y a pourtant de bons fromages dans le parapublic pour les magistrats émérites.

En attendant, parlons équitablement du revenu des médecins et ne chipotons pas sur celui des chirurgiens qui nous sauvent la vie.

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