L’aveu savoureux de Benoît Gaillard
Benoît Gaillard, ancien président du PS lausannois, conseiller personnel de la conseillère d’Etat Nuria Gorrite, époux de Rebecca Ruiz, conseillère nationale socialiste, intervient dans le débat sur la burqa. Ce quasi-cacique professionnel de 33 ans annonce qu’il soutiendra l’initiative UDC contre la burqa.
Tonnerre au parti. L’ineffable Carlo Sommaruga et son homonyme du Conseil fédéral, mais aussi Géraldine Savary et d’autres cadors de la gauche institutionnelle pure et dure, cadenassent leurs oreilles et se bouchent le nez. Pensez-donc, soutenir une initiative de l’UDC… Ils y vont pêle-mêle de leurs arguments-slogans usuels: et la liberté individuelle? de quel droit? féminisme colonial, même! Bref, la doxa socialiste en prend plein la figure. D’autant que PYM exprime le même sentiment que Gaillard.
Idéologue repenti de ses années d’errance, en tout cas pour l’heure, Gaillard s’est dressé pour s’opposer à son parti sur la place de l’islam en Suisse. Autour de lui, un petit mouvement regroupe à ce jour une quarantaine de membres et sympathisants au sein du parti. Gaillard s’en réjouit, même s’il s’attend à recevoir une fessée familiale: «On a pris notre courage à deux mains pour soulever ce débat, qui n’a rien de raciste. On n’accepte plus d’entrer dans le jeu consistant à vérifier au préalable de quelle communauté un problème provient avant de juger de sa compatibilité avec les droits humains. La burqa correspond-elle au fonctionnement et valeurs de la Suisse ? On dit non.»1
Ce n’est pas que cette initiative centralisatrice nous séduise ni qu’elle nous paraisse traiter autre chose qu’un des symptômes d’une réalité que nos politiciens refusent toujours de traiter au fond. La Nation y reviendra en temps opportun.
Ce qui est sidérant est l’aveu même de Gaillard. Les idées ou propositions ne sont pas traitées par le PS en fonction de la réalité, d’une saine réflexion et d’une analyse rigoureuse de l’objet. Elles déclenchent d’abord des réactions centrées sur les personnes qui s’en font les porteurs. Et surtout sur l’image que cela pourrait donner, en l’espèce sur de présumées relations entre le PS et l’UDC.
Ils ont en effet pris l’habitude de condamner toute expression venant des autres milieux que le leur, à choix de: raciste, xénophobe, homophobe, islamophobe, machiste, rétrograde, etc. La Nation n’ayant que quatre pages, nous écourtons la liste. Gaillard donc, homme au demeurant intelligent, se rend compte du risque interne que représentent pour lui ses camarades au comportement condamnatoire si stéréotypé… comme le sien jusqu’à aujourd’hui.
Au fond, Melgar et Gaillard: même combat! Mais ce courage et cette honnêteté, qui devraient aller de soi, combien de temps resteront-ils au programme socialiste?
Notes:
1 Le Temps du 2 juillet 2018.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- L’arbitre et le panoptique – Editorial, Olivier Delacrétaz
- On nous écrit – On nous écrit, Olivier Jean Dunant
- Aspects de la vie musicale vaudoise – Antoine Rochat
- Discours du 1er Août – Yves Gerhard
- † Albert Chapalay – Jacques-François Pradervand
- La primauté du droit national – Remarques en vue de la campagne sur l’initiative de l’UDC – Jean-François Cavin
- Occident express 9 – David Laufer
- Alpes vaudoises – Jean-Michel Henny
- La Stratégie fiscale 2022 – Vincent Hort
- Juvenilia CXXXVI – Jean-Blaise Rochat
- Tant de lenteur, tant de bonheur – Le Coin du Ronchon