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Wilhelm Uhde

Yves Guignard
La Nation n° 2128 2 août 2019

Le marchand d’art et collectionneur Wilhelm Uhde (1874-1947), originaire de territoires prussiens aujourd’hui polonais, est, pour autant, bien allemand, de culture protestante. Après sa maturité, il se lance dans un cursus universitaire de droit, comme son père, alors procureur du Roi. Son premier semestre universitaire est à Lausanne, voilà qui le rapproche de nous; pour lui, c’est déjà le goût de l’ailleurs. La licence est terminée à Berlin après un passage notamment par Heidelberg. Mais cette première vocation est un échec, le jeune homme se rebelle, file en Italie et en revient historien de l’art et romancier. Quelques années passent et il rejoint à Paris son ami d’Université Erich Klossowski, qui sera le père de Balthus, et les Vaudois connaissent bien ce peintre qui a fait la notoriété de Rossinière. Ainsi, on continue de mettre les petits plats dans les grands. Uhde à Paris vit d’achat de tableaux qu’il revend un peu plus cher, sans boutique, il est marchand en chambre. Ses premiers protégés? Picasso, Braque (alors qu’ils ne se connaissent pas encore l’un l’autre!) et le Douanier Rousseau. La collection formidable qu’il fait de ces artistes pour trois francs six sous est confisquée en 1914 comme «bien allemand». Uhde perd tout. Il rebondira en faisant la gloire des «héritiers» du Douanier, les artistes Naïfs qui ont pour nom Séraphine, Vivin, Bombois, Bauchant, Boyer. Dès 1924, de retour à Paris, il s’affaire pour ces derniers qui verront leur consécration avec une grande exposition en 1937 intitulée «Les Maîtres populaires de la Réalité». Chose notable, presque tous ces artistes à cette époque entrent au musée par la grande porte, y compris dans nos contrées helvétiques, puisque l’exposition tourne à Zurich dont le Kunsthaus achète à la fin des années 1930 Bombois, Boyer, Rousseau, Vivin. On pourrait presque dire la boucle bouclée, si ce n’est que ces artistes, comme Uhde, vont tomber bien longtemps dans l’oubli. L’an passé, Zurich a fait un accrochage de ses «Naïfs», à Lille un musée a consacré l’année d’avant une exposition à Uhde et, dès mi-septembre, ces artistes seront à nouveau à l’honneur au musée Maillol à Paris. A tous ces événements, votre serviteur a modestement contribué et c’est ainsi, pour finir sur une note dynamique, que tourne la roue de la fortune, quelle que soit la saison.

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