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Un survol de l’histoire vaudoise

Olivier DelacrétazEditorial
La Nation n° 2138 20 décembre 2019

Il y a eu, entre autres, «Le Canton de Vaud» de Juste Olivier (édité en 1837, réédité en 1938 et en 1978), l’«Histoire du Canton de Vaud» d’Auguste Verdeil (1849), l’«Histoire du Canton de Vaud» de Paul Maillefer (1903), «Le Pays de Vaud, des origines à la conquête bernoise» de Richard Paquier (1942 et 1979), «L’Histoire vaudoise», volume 4 de l’Encyclopédie illustrée du Pays de Vaud (1973), l’«Histoire du Pays de Vaud» de Lucienne Hubler (1991). Depuis lors, il y a encore eu des dizaines d’ouvrages, d’études et de thèses, des centaines de mémoires, mélanges, articles spécialisés, séminaires, colloques thématiques, revues.

Au fil des publications, le domaine de l’histoire vaudoise était devenu un prodigieux entassement de connaissances très profondes et très pointues. L’énorme volume collectif de «L’Histoire vaudoise», coédité en 2015 par Infolio et la Bibliothèque Historique Vaudoise, y mit un peu d’ordre, structurant d’une façon raisonnée les résultats principaux de tous ces travaux de recherche, de compilation, de réflexion et de critique. On peut penser qu’il restera longtemps un ouvrage de référence, moderne, détaillé et savant.

Il manquait encore une version accessible au Vaudois ordinaire. C’est aujourd’hui chose faite. «Histoire vaudoise, un survol» est sorti de presse il y a quelques semaines, également coédité par Infolio et la Bibliothèque Historique Vaudoise. La Nation du 22 novembre en a déjà parlé. L’ouvrage se lit avec une incroyable facilité, presque d’un trait. Les études savantes ont été transformées en un récit synthétique, vivant et précis.

L’extractrice, unique, de cette quintessence, Mme Corinne Chuard, est historienne et journaliste. Elle a condensé en 160 pages l’essentiel d’une histoire dont M. Regamey disait qu’elle était en ligne brisée. Peut-être aurait-il modifié son jugement en constatant l’étonnante unité que Mme Chuard a su lui donner, et qui provient notamment du fait qu’elle fait admirablement ressortir les enchaînements de cause à effet. La nécessité historique, ainsi mise en lumière, anime son texte et tire le lecteur en avant. Et, sur la trame du temps et du lieu, on voit l’identité vaudoise se former, se préciser, s’étendre et se réduire, s’affirmer, se fixer, s’affaiblir, se reprendre, s’interroger. Les décisions politiques, les créations artistiques et littéraires, l’agriculture, le commerce et l’industrie, l’action personnelle des grands hommes se mêlent, se succèdent, se heurtent au fil de la lecture. Et l’histoire vaudoise s’installe tout naturellement dans notre tête.

L’ouvrage est richement illustré, et discrètement pédagogique. Cela fait penser. Au fond, il ne faudrait pas grand-chose pour en tirer un manuel scolaire. Le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture ne devrait-il pas mettre à profit l’intérêt actuel pour l’histoire et introduire enfin, pour les écoliers, un enseignement de l’histoire vaudoise digne de ce nom? Il y aurait beaucoup de raisons à le faire.

D’abord, le fait de savoir d’où l’on vient aide à savoir qui l’on est, et quel peut être l’avenir. C’est un élément constitutif de l’«estime de soi». Les Vaudois, jeunes et vieux, en ont furieusement besoin.

Certains croient que, pour bien recevoir l’étranger, il faut faire taire sa propre identité. C’est le contraire qui est vrai. On constate que la capacité d’accueil s’effondre en même temps que disparaît le sentiment d’identité collective. Le mieux qu’une population déstructurée puisse offrir au visiteur, c’est une indifférence fatiguée et soupçonneuse. Seul un peuple conscient de sa réalité distincte, du fait qu’il vit dans le long terme et de ce qu’il apporte d’original à l’humanité se sent assez solide pour accueillir d’autres peuples.

Enfin, du côté des arrivants, s’ils doivent prendre racine, en quatre ans ou plus, il faut qu’ils trouvent un terreau spécifique, dans lequel ils pourront repiquer leurs propres racines. Et plus le terreau apparaîtra comme stable, riche et différencié, plus l’assimilation sera plaisante et désirable.

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