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Front populaire

Denis Ramelet
La Nation n° 2154 31 juillet 2020

Au mois de juin est paru le premier numéro d’une nouvelle revue française, lancée par le philosophe Michel Onfray, intitulée Front populaire. Cette nouvelle revue trimestrielle est un «mook»1: elle a le format d’un magazine et l’épaisseur d’un livre (plus de 150 pages)2.

Le sous-titre en est «La revue des souverainistes de droite, de gauche, d’ailleurs et de nulle part». De fait, les contributeurs du premier numéro proviennent tant de la gauche (Jean-Pierre Chevènement, Jacques Sapir, Henri Peña Ruiz, Céline Pina, Régis de Castelnau…) que de la droite (Philippe de Villiers, Mathieu Bock-Côté, Alexandre Devecchio, Eugénie Bastié, Jérémy Stubbs…), mais aussi d’ailleurs (les Gilets jaunes François Boulo et Jacline Mouraud, l’enseignant et écrivain Franck Lanot, l’entrepreneur Stéphane Kélian…).

Comme l’indiquent son titre et son sous-titre, cette nouvelle revue se veut à la fois souverainiste – défendant la souveraineté nationale contre la mondialisation – et populiste – défendant la souveraineté populaire contre la prise de pouvoir des oligarchies technocratiques et financières. Inutile de dire que les bêtes noires de la revue et de ses contributeurs sont les technocrates bruxellois et leurs relais en France, au premier rang desquels le président Macron.

Parmi la vingtaine de contributions, signalons d’abord deux interviews croisées: celle des «pères fondateurs» du souverainisme français, Jean-Pierre Chevènement et Philippe de Villiers, et celle de deux transfuges de La France insoumise (le parti de Jean-Luc Mélenchon), Georges Kuzmanovic et Andréa Kotarac, le premier ayant fondé son propre mouvement (République souveraine), le second ayant rejoint les rangs du Rassemblement national.

Signalons ensuite les articles attendus – ce qui ne veut pas dire décevants! – de certains contributeurs sur leurs thèmes de prédilection: Jacques Sapir sur l’euro, Michèle Tribalat sur la démographie et l’immigration, Eugénie Bastié sur l’écologie, Barbara Lefebvre sur l’école, Régis de Castelnau sur la réforme des institutions, Alexandre Devecchio et Céline Pina sur les problèmes d’identité et d’intégration, Mathieu Bock-Côté sur l’articulation des notions de souveraineté et d’identité.

Signalons enfin l’article de Thibault Isabel, qui suit immédiatement – et prolonge – l’éditorial programmatique de Michel Onfray. En voici quelques extraits:

La gauche comme la droite dites de gouvernement souscrivent depuis longtemps, à peu de chose près, à la même idéologie, celle de la mondialisation économique. […] Le recentrement néolibéral de la gauche et de la droite de gouvernement a été favorisé par la montée du climat protestataire, liée à la crise économique de 2008 et au sentiment général de déclassement qui touche l’Hexagone, sans parler de la crise des migrants ou des vagues successives de terrorisme. On a observé à cette époque un rapide essor des partis antisystème, non seulement en France mais partout en Europe, et même aux Etats-Unis, avec Donald Trump et Bernie Sanders. La gauche et la droite libérales, que rien n’opposait vraiment sur le fond, ont donc cessé de jouer au jeu de la fausse alternance pour jeter les masques et s’allier face à leurs nouveaux adversaires, devenus trop dangereux : en France, c’est Macron qui a servi de catalyseur. […] Il a réussi à polariser deux blocs d’opposition en divergence radicale sur les questions de société et à se maintenir en position centrale […] La focalisation sur les questions sociétales est un appât tendu par les partisans du système maastrichtien pour morceler les forces contestataires […] Le protectionnisme n’en constitue pas moins le seul moyen de relocaliser notre économie et de sortir au moins partiellement de la globalisation. C’est autour de mesures protectionnistes que devrait se reconstituer l’opposition au macronisme. Ces mesures protectionnistes sont peu ou prou plébiscitées par la totalité des opposants à Macron. Elles sont majoritaires dans l’opinion française3.

Selon Thibault Isabel, les partisans de la mondialisation libérale, au pouvoir dans la plupart des pays européens, instrumentalisent donc les réformes «sociétales» (type «mariage pour tous») pour diviser leurs opposants. Pour espérer prendre le pouvoir, les opposants à la mondialisation devraient donc, toujours selon Thibault Isabel, mettre temporairement de côté leurs divergences sur les questions «sociétales». En résumé: récupérer les clés de la maison avant de discuter de l’aménagement intérieur.

Notes:

1  Contraction des mots anglais magazine et book.

2  Il est possible de s’abonner à la version papier et/ou à la version en ligne (https://frontpopulaire.fr/).

3  Front populaire n° 1, été 2020, p. 20-21.

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