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2015, année Aloÿs Fornerod

Jean-François Cavin
La Nation n° 2009 9 janvier 2015

Aloÿs Fornerod, l’un de nos meilleurs compositeurs, de même qu’un musicologue original, un chroniqueur substantiel à la plume élégante, un enseignant révéré devenu directeur du Conservatoire de Fribourg, est né en 1890 et décédé en 1965. Nous célébrons donc cette année un double anniversaire, avec les 125 ans de sa naissance et les 50 ans de sa mort, et La Nation est particulièrement heureuse de rendre hommage à la mémoire de celui qui écrivait en 1928:

Si le lecteur est convaincu que la musique tire son principal caractère de la langue du musicien, il pourra sans peine nous accorder que, notre langue étant le français, notre musique doit être de forme française. […] Il est donc normal que le musicien romand fasse des vœux pour la prospérité de la musique française.

En le faisant, il ne flatte nullement l’étranger, il s’aime lui-même. […] Enfin, se souvenant que, politiquement, il est citoyen de la Confédération helvétique, il doit souhaiter le triomphe du fédéralisme. La centralisation est pour notre art un danger effrayant, car il est assez probable que nos magistrats ne réussiront pas à créer une langue suisse, et le pire serait qu’ils y parvinssent.

Ces lignes sont extraites de la conclusion de l’ouvrage de Fornerod La Musique et le Pays, paru en octobre 1928 comme huitième numéro des cahiers d’Ordre et Tradition, devenus les Cahiers de la Renaissance vaudoise.

Chez Aloÿs Fornerod, adepte du classicisme français, grand admirateur de Fauré, il n’y a pas de faille entre la conviction du musicologue et l’inspiration du compositeur. Son œuvre, toute de clarté, fuit les épanchements diffus et l’étalage des sentiments; souvent concises, ses partitions respectent la forme tout en sachant jouer avec elle; sa musique est celle d’un homme d’esprit.

A une époque où, trop souvent, la musique dite sérieuse se révèle chaotique, ou agressive, ou d’une vacuité répétitive, il est bon de rendre hommage à un artiste dont les compositions, certes savantes, plaisent à l’oreille et au cœur. Et n’oublions pas l’âme, en nous rappelant la part importante que prend la musique sacrée dans la production de Fornerod.

Comme en témoigne la citation donnée en tête de cette chronique, Aloÿs Fornerod était un ami de notre mouvement – passablement tourné lui aussi vers la France à cette époque-là – dès le milieu des années 1920. Le lien a perduré. M. Regamey estimait que le Te Deum, composé pour André Charlet et son Chœur des Jeunes devenu Pro Arte, devrait être interprété à la Cathédrale lors de chaque installation des autorités cantonales, en début de législature. Et il s’émerveilla, lors de la création du Concerto pour piano, d’avoir assisté à la naissance d’un chef-d'œuvre. Notre mouvement a témoigné de sa fidèle admiration pour le musicien en publiant en 1982 la monographie magistrale de Jacques Viret Aloÿs Fornerod ou le Musicien et le Pays (CRV 103, 200 p., hélas épuisé); en soutenant, en 2000, l’édition d’un triple CD (hélas aussi épuisé); en favorisant l’édition de la partition du Deuxième Concert pour orchestre de chambre aux Archives musicales de la BCU. Il le fait encore cette année en contribuant à l’hommage du double anniversaire de 2015, organisé à l’initiative de la famille du compositeur, et particulièrement de son fils Pierre Fornerod.

Diverses réalisations marqueront en effet cette année de commémoration: des interprétations d’œuvres d’Aloÿs Fornerod lors de concerts à Lausanne et à Fribourg; la création d’un site internet comprenant les enregistrements de sa musique; l’enregistrement intégral de l’œuvre pour piano; une étude de musicologie dans le cadre de l’HEMU; l’édition d’une feuille, largement diffusée, présentant la personne et l’œuvre du compositeur. S’agissant des concerts, que nos lecteurs retiennent déjà les dates du 31 janvier à Fribourg, salle de l’Equilibre, où l’Orchestre de chambre fribourgeois, sous la direction de Laurent Gendre, interprétera Le Voyage de printemps (avec aussi Saint-Saëns et Poulenc au programme), et des 6 février (à Saint-Michel de Fribourg) et 7 février (à Saint-François de Lausanne) où le chœur de l’HEMU de Fribourg, dirigé par Jean-Pierre Chollet, donnera notamment des œuvres vocales sacrées de notre compositeur. A l’automne, l’OCL et l’HEMU de Lausanne prendront le relais.

Ainsi aurons-nous le bonheur d’entendre une musique trop peu souvent jouée chez nous, alors même qu’elle est exécutée assez souvent à l’étranger: on a dénombré vingt pays, outre le nôtre, dans quatre continents, où des compositions de Fornerod ont été interprétées durant les dix dernières années. Formons le vœu que 2015 marque le début d’une redécouverte et d’un plaisir renouvelé pour le public de nos cantons.

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