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Une volonté contre le chaos

Lionel Hort
La Nation n° 2029 16 octobre 2015

Un parti politique n’étant jamais autant actif qu’à la veille d’élections, la section lausannoise de l’UDC Vaud a organisé au Palais de Beaulieu une rencontre politique consacrée au désordre migratoire et à la politique d’asile fédérale avec MM. Blocher, Mörgeli et Köppel. Dans un français fédéral irréprochable, les orateurs ont attaqué le problème sous trois angles différents en lien avec leurs expériences respectives.

Tranchant avec l’attitude culpabilisatrice de nos contemporains, Christoph Mörgeli a commencé par rappeler la féconde tradition des cantons suisses en matière d’hospitalité. Etaient cités en exemples les réfugiés d’Italie du Nord venus à Zurich au XVIe siècle et les Huguenots installés à Genève qui ont développé l’artisanat horloger. Le conseiller national a insisté sur les similitudes, tout au long de l’histoire, entre ces mouvements de populations, notamment leur caractère d’élites économiques et culturelles ou leur proximité religieuse et linguistique avec leurs communautés d’accueil. Il a montré les efforts d’intégration de ces immigrés, d’autant plus qu’ils ne bénéficiaient pas de systèmes semblables aux aides sociales modernes. L’élu zuricois a rappelé de même l’attitude prudente, tantôt ferme tantôt tolérante, des autorités suisses envers les réfugiés de guerre européens des deux derniers siècles. Reprenant les mots de l’historien Peter Stadler, M. Mörgeli a fini par une mise en garde face aux risques grandissants de dissolution ethnique et financière de notre pays dans le multiculturalisme.

Christoph Blocher a traité ensuite de ses années au gouvernement. Le Département fédéral de Justice et Police appliqua une politique d’asile rigoureuse pendant sa législature et le résultat fut sans appel: le nombre de requêtes acceptées chuta de moitié. Le conseiller fédéral honoraire attribue le succès d’une telle politique à des facteurs essentiellement psychologiques.

En effet, durant cette période, les procédures et le cadre légal général n’ont que peu ou pas évolué. M. Blocher vanta plutôt le zèle de ses services – et le sien. Plus précisément, le but fut atteint par des contrôles plus poussés et plus fermes lors du traitement des requêtes. Où l’on voit que l’arsenal législatif et procédural peut bien exister, il est parfaitement inefficace si le personnel politique et administratif à la manœuvre n’est pas convaincu du bien-fondé de son application. Dans un domaine aussi contaminé par l’idéologie que l’asile, il manque aux autorités suisses une volonté politique ferme.

Ce constat fut repris par Roger Köppel. Le rédacteur en chef de la Weltwoche a rappelé la confusion générale qui règne chez les autorités suisses et européennes en matière d’asile. La distinction entre migrants économiques et réfugiés de guerre est par exemple sciemment ignorée par les gestionnaires des flux migratoires. Le fait même que ces problèmes ne soient pas à l’entière charge des autorités nationales légitimes, mais surtout entre les mains de techniciens légalistes et de groupes de pressions économiques, montre bien l’étendue du chaos. Car l’absence de volonté évoquée plus haut va nécessairement de pair avec la dépersonnalisation des processus politiques et démocratiques. La diffusion des responsabilités politiques et la multiplication des autorités participent de l’incohérence ambiante, et lorsque qu’au beau milieu du désordre émerge un exemple de droiture sous les traits d’un Viktor Orbán, censé faire les basses œuvres de l’Union européenne à sa place, ce dernier est aussitôt noyé sous les critiques du reste des élites européennes. Soumise à des pressions culpabilisatrices, aux censures médiatiques et aux traités, une partie trop importante des autorités et des peuples européens ne veut pas entreprendre – ne veut pas même considérer – la tâche herculéenne qui attend le continent. En guise de conclusion, M. Köppel a proposé alors une solution qui paraît bien insatisfaisante au regard de la complexité du problème: «Votez UDC.»

Il faut néanmoins relever que les tribuns zuricois ont réussi à rassembler à Beaulieu, outre les curieux et les non-affiliés, de nombreux Romands et Alémaniques, citoyens agrariens et citadins. Espérons que ce type de rassemblement se répète à l’avenir, dans les cantons suisses et dans les nations européennes, et soit le signe de la formation, progressive et organique, de cette volonté droite dont nous avons besoin.

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