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Internet et la sagesse des singes

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2029 16 octobre 2015

Nous savons tous que les dirigeants syriens, iraniens, russes ou encore nord-coréens sont des individus odieux et sans scrupules qui cherchent à contrôler ce que les citoyens ont le droit de dire ou non sur les réseaux sociaux.

En Europe, nous avons aussi des individus odieux et sans scrupules qui utilisent internet pour propager des idées inacceptables, raison pour laquelle les dirigeants de l’Union européenne ont annoncé récemment leur intention légitime de mieux contrôler ce qui peut se dire ou non sur les réseaux sociaux.

La Suisse n’échappe pas à ce scandale: internet véhicule des appels à la haine. On l’a encore vu la semaine passée, lorsqu’un cinéaste-militant pro-réfugiés, naturalisé suisse mais qui se veut «la mauvaise conscience» de son pays d’adoption, et dont nous tairons le nom puisqu’il tente manifestement de s’en faire un, a déposé plainte contre LesObservateurs.ch, le blog du professeur Uli Windisch, au motif que des commentaires haineux à son égard y avaient été publiés sans être censurés.

Dieu sait si nous déplorons les innombrables réactions débiles, mesquines, grossières, inutiles, ridicules, voire illisibles, que des crétins perclus de méchanceté, de jalousie, d’inculture et d’oisiveté publient laborieusement et à longueur de journée! Mais soyons honnêtes: ces individus misérables et pitoyables qui constituent la majorité de notre triste humanité se répartissent assez équitablement entre la gauche et la droite. Et si l’on en croit ce que M. Windisch publie pour sa défense, la page Facebook du médiatique plaignant contient des «appels à la haine» autrement plus costauds que ceux que l’on peut lire sur LesObservateurs.ch. Les juges réussiront certainement à nous expliquer que «ce n’est pas la même chose»; mais nous n’en pensons pas moins.

Donc, en résumé, les autorités européennes vont accroître la traque des opinions dissidentes sur internet.

A Bruxelles, certains s’inquiètent tout de même de ce paradoxe: comment l’UE fera-t-elle la distinction entre les «appels à la haine inacceptables» et «la liberté d’expression [qui constitue] une de nos valeurs intangibles»? Mme Christiane Taubira, qui porte le titre de ministre française de la justice, aurait répondu à cette question en citant en exemple «la France déjà dotée d’un bon arsenal législatif pour lutter contre l’incitation à la haine». Quand on sait qu’une commerçante qui avait affiché un dessin humoristique comparant la ministre française à un petit singe a été condamnée en première instance à neuf mois de prison ferme et 50 000 euros d’amende – et même si le jugement a été annulé en appel pour des défauts de procédure –, on a une petite idée de la délicatesse de la répression qui nous attend.

En clair, si vous ne voulez pas finir dans les geôles républicaines, vous avez intérêt à imiter les trois petits «singes de la sagesse», ce symbole asiatique qui nous exhorte à «ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire».

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