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Double nationalité

Olivier Delacrétaz
La Nation n° 2079 15 septembre 2017

Le conseiller national tessinois Ignazio Cassis est candidat au Conseil fédéral. Dans la perspective de son élection, il a abandonné la nationalité italienne qui doublait sa nationalité suisse. Le Genevois franco-suisse Pierre Maudet, conseiller d’Etat, a annoncé qu’il ferait de même avec sa nationalité française, mais seulement le temps de son éventuel mandat de conseiller fédéral.

On a dénoncé leur opportunisme. Le reproche n’est pas pertinent, l’opportunisme étant une composante ordinaire de la carrière d’un politicien démocrate. D’autres ont déploré que les deux candidats abandonnent une partie de leur identité culturelle. Pense-t-on que M. Cassis va oublier les auteurs, musiciens et peintres italiens parce qu’il opte pour sa nationalité suisse? Il ne faut pas confondre l’identité personnelle et la nationalité, qui est appartenance à une réalité collective. Enfin, dans le registre «nous aussi, nous sommes des victimes», certains doubles-nationaux se sont plaints de ce que l’attitude de MM. Cassis et Maudet les stigmatisait.

Le site Bon pour la tête a rappelé qu’il y a eu deux conseillers fédéraux binationaux au XIXe siècle.

Nous connaissons des binationaux très estimables et à qui leur binationalité ne pose aucun problème dans la vie courante. Il reste que la nationalité est faite non seulement de droits mais aussi de devoirs, et qu’il peut être parfois difficile de bien servir les deux pays en même temps. C’est particulièrement le cas pour un politicien ou un ambassadeur. En cas de tensions entre la Suisse et l’Italie, par exemple, au sujet des migrants ou de la libre circulation, un conseiller fédéral binational suisse-italien pourrait être tenté, ou simplement soupçonné – c’est déjà trop – d’avantager la seconde. Les candidats ont donc au moins une raison politique de laisser tomber leur deuxième nationalité.

Aujourd’hui, la question se pose d’une façon plus cruciale qu’au XIXe siècle, en ce que le principe même de nationalité est mis en cause, au nom de l’égalité, du marché, de l’ouverture (genre «des ponts, pas des murs»!) et tutti quanti. En ce sens, le fait d’abandonner spontanément sa seconde nationalité manifeste qu’on entend privilégier rigoureusement l’intérêt de la Suisse, aux dépens, s’il le faut, de nos estimables voisins. Cela signifie aussi qu’on accorde à la nationalité une valeur moins culturelle et personnelle que territoriale et institutionnelle.

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