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Ces journalistes qui n’aiment pas le changement

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2095 27 avril 2018

L’état d’urgence a été décrété. Le son strident des sirènes d’alarmes résonne un peu partout. Chacun vérifie ses rations de survie en écoutant la radio, la mine inquiète, pour savoir à quel moment il faudra descendre aux abris. S’ils devaient voter aujourd’hui, les Vaudois et les Genevois plébisciteraient l’achat d’au moins deux cents Gripen, la suppression du service civil et le maintien de l’arme à domicile. Car l’heure est grave et la résistance doit s’organiser.

Ce ne sont pas (encore) les petits hommes verts de Vladimir Poutine, ni les bombes cyniques de Bachar el-Assad, ni les missiles intelligents de Donald Trump ou ceux (bridés?) de Kim Jong-un. Ce sont les journaux de Christoph Blocher qui arrivent! Ou qui arriveront peut-être. On n’en sait encore rien, mais la menace est sérieuse. Le redoutable «tribun de l’UDC» a en effet décidé de vendre la Basler Zeitung au groupe Tamedia; en échange, il a pris une participation de 50% dans les deux journaux gratuits lémaniques Lausanne-Cités et GHI.

La Basler Zeitung – qui était devenue un des seuls quotidiens conservateurs en Suisse – rentre donc dans le rang bien sage et bien aligné de la presse de gauche mainstream. Mais cet aspect-là de l’affaire n’a aucun intérêt aux yeux des journalistes romands – presque tous employés par le même grand groupe de presse, il est vrai.

Ce qui les épouvante, en revanche, c’est l’idée que les rédactions de Lausanne-Cités et de GHI pourraient se retrouver «politisées» (a-t-on jamais vu, dans la presse romande, des articles de presse refléter une quelconque orientation politique?) et, surtout, qu’on risquerait de voir apparaître en Suisse romande un ou deux journaux qui ne se sentiraient pas obligés de dire la même chose que les autres! On assisterait alors à… l’anéantissement de la diversité de la presse! (La diversité de la presse, voyez-vous, c’est un peu comme la diversité culturelle de certains quartiers: tout le monde se connaît, tout le monde vient du même bled, tout le monde parle la même langue, et les marottes d’un seul d’entre eux – songez par exemple aux petites flatulences anti-policières du Matin Dimanche – se retrouvent immédiatement répercutées, sans la moindre distance critique, par l’ensemble des autres rédactions et par les camarades du service public.)

En résumé, nos gentils moutons qui nous assurent qu’ils ne sont pas de gauche redoutent de voir un loup de droite entrer dans leur confortable et douillette bergerie.

En fait de loups, il faut surtout espérer que ce ne seront pas des ânes. Il y en a hélas dans tous les partis, et La Nation ne s’est pas gênée de le dire lorsque l’UDC a récemment plaidé pour la fin du partenariat social et le retour à la lutte des classes. Pour avoir pointé du doigt cette incongruité, un rédacteur de notre journal s’est fait traiter de gauchiste ne connaissant rien à l’économie réelle… Mais alors, si même La Nation est un repaire de gauchistes – à défaut d’être un repère pour ces derniers –, il est d’autant plus urgent qu’une ligne éditoriale un peu plus conservatrice apparaisse en Suisse romande, afin d’y introduire un minimum de changement.

A bien y réfléchir, c’est précisément là le nœud du problème: les journalistes en place font de la résistance au changement. On ne leur a jamais dit que c’était très vilain?

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