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Occident express 56

David Laufer
La Nation n° 2147 24 avril 2020

Les dernières statistiques sont tombées. Pour l’arrière-pays croate, les résultats font état d’une émigration de parfois plus de 30% de la population depuis 2013. L’année à laquelle la Croatie a rejoint l’UE. En comptant les villes et malgré le boom touristique, la Croatie a perdu 4% de sa population sur cette même période. La Bulgarie, depuis son entrée dans l’UE, a perdu 1 million d’habitants sur 8. Et la tendance non seulement continue, elle semble s’accentuer. Il n’existe qu’une autre situation dans laquelle on rencontre de telles statistiques démographiques: la guerre. La destination ultime de la majorité de ces migrants est évidemment l’Allemagne. Berlin est le principal bénéficiaire de ces mouvements, qu’elle encourage très activement depuis une bonne vingtaine d’années. Avec sa population en stagnation et son économie dépendante d’une exportation massive de biens de consommation, le besoin de main-d’œuvre y est beaucoup plus pressant que partout ailleurs en Europe. Ainsi, c’est une guerre d’un genre nouveau, où les crimes sont juridiquement tamponnés. Les véritables victimes, toutefois, sont invisibles. En effectuant dans un petit avion et à basse altitude les 400 kilomètres qui séparent Split, sur la côte, de la capitale Zagreb, j’ai pu clairement observer les villages abandonnés, les routes désertes et les champs en friche. En Serbie, deux facteurs tempèrent légèrement la catastrophe. D’une part, ne faisant pas partie de l’UE, les procédures rendent moins évidente une migration économique. D’autre part, le boom économique de Belgrade agit comme un aimant migratoire intérieur. Proportionnellement, la Serbie perd ainsi deux fois moins d’habitants que ses voisins. Mais les chiffres demeurent ébouriffants: une petite ville disparaît chaque année, depuis 12 ans. Contrairement à ses voisins, l’émigration semble stagner, et même un peu diminuer. Si la tendance continue, arrivera un jour où les pays d’Europe de l’est ne pourront simplement plus fonctionner, où leurs infrastructures, faute de main-d’œuvre, seront réduites en poussière. Certains de ces pays risquent l’écroulement systémique complet. Si ce jour vient, la croissance du PIB et l’équilibre budgétaire sembleront, pour les Européens, de doux soucis d’un autre âge. Face à ces perspectives, la menace d’écroulement de l’Union Européenne elle-même semble un bien moindre problème. Serait-ce même une partie de la solution? Les règles du jeu sont actuellement celles d’une compétition économique intérieure maximale et sauvage entre pays membres, mais strictement à l’avantage de l’Allemagne. Se pourrait-il que ces règles reviennent à celle d’une coopération intérieure plus harmonieuse, et d’une compétition extérieure plus efficace? Se pourrait-il que l’Union Européenne agisse enfin comme une véritable union?

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