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OUI à la loi sur la chasse

Olivier de Mestral
La Nation n° 2155 14 août 2020

La loi sur la chasse révisée (LChP) élaborée par le Parlement et votée à la fin de l’année dernière est une réglementation qui vise le renforcement de la protection des espèces et des milieux naturels ainsi que celui du fédéralisme. Le texte a été combattu par voie de référendum en début d’année par plusieurs associations dites de «Protection de la nature», et va passer par les urnes le 27 septembre prochain.

La révision de la loi sur la chasse s’impose, car le texte actuel de 1986 n’est plus adapté aux circonstances concrètes et à la réalité de la faune suisse. A l’époque, le loup était totalement absent du territoire, alors que plus de huitante individus et une petite dizaine de meutes sont aujourd’hui comptabilisés. La nature et la faune en général se portent plutôt bien. Cela est réjouissant. Le maintien de cette situation demande en revanche, dans certaines circonstances, de pouvoir réguler des populations qui provoquent des conflits avec les activités humaines, comme l’agriculture, l’élevage et la sylviculture. Il est important que chaque acteur de la gestion de la faune puisse réagir de manière appropriée et proportionnée quand des problèmes se posent.

Renforcer le fédéralisme

La question de la gestion de la faune est différente d’une région à l’autre du pays. Les cantons sont naturellement les plus aptes à appliquer des mesures et des solutions rapides et adéquates aux problèmes qui se posent chez eux. Aussi, cette loi révisée donnera une plus grande marge de manœuvre aux cantons. En contrepartie, elle maintient la protection et les garde-fous imposés tant par les conventions internationales que par l’Office fédéral de l’environnement. A titre d’exemple, le tir de loup par des gardes-faune restera toujours soumis au préavis des instances fédérales, et le droit de recours des associations est toujours prévu dans les textes. Aucune des mesures prises par les cantons ne devra mettre en péril une espèce sur son territoire. Les opposants à cette révision affirment qu’il s’agit d’une loi d’abattage qui va à l’encontre de la protection. Cette allégation relève au mieux de l’ignorance, au pire de la mauvaise foi.

Les cantons acquièrent une compétence de régulation supplémentaire (art. 7a du projet) pour «prévenir des dégâts ou dangers concrets pour l’homme», ou «préserver des populations sauvages adaptées au niveau régional». Dans la loi de 1986, les compétences cantonales de régulation étaient limitées à la sauvegarde des biotopes et au maintien de la diversité. Cette rétrocession de compétences a pour effet de donner aux régulations menées par les cantons une dimension proprement politique, impliquant l’homme et son habitat, sans limiter cette compétence à une tâche de stricte protection de la biodiversité.

Protéger, cohabiter et réguler

Il faut à ce titre relever que la faune sauvage et la biodiversité ressortiront grandes gagnantes de cette loi révisée. Une simple lecture des textes démontre qu’elle est d’abord une loi de protection. Les quelques exemples suivants le démontrent:

–  Treize espèces de canards sur les quinze actuellement chassables en Suisse seront désormais interdites à la chasse.

–  Trois cents corridors faunistiques seront financés (par qui?) et des clôtures plus respectueuses de la faune sauvage seront imposées, afin d’améliorer la connexion entre les différents biotopes.

–  La période de chasse à la bécasse sera raccourcie d’un mois.

–  Aucune intervention ne sera admise sur les effectifs de castors, de lynx, de hérons cendrés et de harles bièvres, une espèce de canard. La protection de ces espèces est ainsi renforcée par leur soustraction à la liste fédérale des espèces chassables.

La loi sur la chasse révisée est le résultat de plus de quatre années d’âpres négociations et de compromis entre les deux chambres du Parlement. Le Conseil fédéral, ainsi que tous les partis du centre-droit se sont mis d’accord sur le texte proposé et invitent la population à dire «OUI» à la révision de la loi sur la chasse.

En cas de refus le 27 septembre, la loi actuelle resterait en force jusqu’à ce que le Parlement reprenne le dossier en main. Il lui faudra ensuite proposer un nouveau texte, ce qui peut prendre des années, et surtout faire perdre beaucoup de temps aux parlementaires qui ont bien d’autres défis prioritaires, sanitaires, écologiques et économiques à traiter.

La faune plus que la chasse

La votation sur la LChP n’est pas une votation pro- ou anti-chasse. Elle ne concerne finalement que très peu les chasseurs. C’est avant tout une loi sur la protection de la faune sauvage qui tient compte des enjeux actuels. L’acceptation du loup sera certainement renforcée si les populations concernées par sa présence ont à disposition des moyens appropriés pour gérer les conflits. L’Union Suisse des Paysans ainsi que le Groupement suisse pour les régions de montagnes sont largement favorables à cette révision.

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