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Vents en poupe pour l’atome

Jean-François Pasche
La Nation n° 2182 27 août 2021

En 2011, à la suite de la catastrophe nucléaire de Fukushima, l’utilisation de l’énergie nucléaire pour produire notre électricité semblait à court terme condamnée. Quelques mois après la catastrophe, le Conseil fédéral prenait la décision de principe de l’abandon progressif de l’énergie nucléaire par la Suisse. Pour rendre cela possible, il misait sur le développement de nouvelles énergies renouvelables ainsi que sur une baisse de consommation d’énergie de la part des Suisses. Une planification ambitieuse prévoyait une sortie complète du nucléaire pour 2034.

Dix ans plus tard, cette planification fait sourire, comme l’écrit l’éditorialiste du Matin Dimanche du 11 juillet. En effet, la situation de la production d’électricité n’a quasiment pas changé en Suisse depuis ce temps. Certes, quelques éoliennes ont été construites (42 actuellement en fonctionnement en Suisse) et de nombreux toits recouverts de panneaux solaires. Mais selon les journalistes de l’hebdomadaire dominical, cela n’est largement pas suffisant: il faudrait 5’894 éoliennes ou recouvrir une surface équivalente à 19’000 terrains de football avec des panneaux solaires à cellules photovoltaïques pour remplacer les centrales nucléaires suisses.

Cinq mille huit cent nonante-quatre éoliennes, ce chiffre nous laisse songeur. Ce sont probablement tous les espaces naturels de Suisse suffisamment battus par les vents qu’il faudrait investir. Or, construire un parc éolien va au-delà de l’altération du paysage. Les crêtes du Jura sont-elles impropres à la construction d’usines, de voies de chemin de fer, d’autoroutes et d’aéroports? Qu’à cela ne tienne, construisons des dizaines de routes, coulons des milliers de tonnes de béton pour créer des socles pour les éoliennes. Creusons des tranchées pour acheminer les câbles électriques. Il s’agit d’une véritable industrialisation de territoires jusque-là laissés à la nature. Est-ce cela, l’écologie?

Quant aux panneaux solaires, ils peuvent s’installer sur les toits, donc sans occuper des zones jusqu’alors vierges. Cependant, si les technologies ont bien progressé pour rendre la chose énergétiquement rentable, la question du recyclage à la fin de la durée de vie se pose. Combien de milliers de tonnes de panneaux solaires hors d’usage devrons-nous traiter dans une trentaine d’années?

Ce ne sont là que quelques problèmes que nous voulions mentionner. L’atome a des chances de revenir bien en cour. Il a l’avantage de ne pas dégager de CO2 à l’exploitation, ce qui ne va pas sans séduire une frange des écologistes. Et point de centrales à gaz pour pallier l’irrégularité de production inhérente à l’exploitation du vent et du soleil pour produire de l’électricité!

A part cela, nous pourrions parier sans prendre trop de risques que la consommation électrique de la Suisse va augmenter ces prochaines années, plutôt que décroître, comme prévu en 2011 par le Conseil fédéral. Les objets connectés toujours plus nombreux avec les réseaux informatiques composés de toujours plus d’antennes et de serveurs qui vont de pair, ainsi que l’avènement des véhicules électriques, sont quelques indicateurs que nous prendrions en compte. Les énergies dites vertes suffiront-elles à assurer l’accroissement prévisible de notre consommation électrique en plus de remplacer l’atome? Rien n’est moins sûr.

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