L'école, le culot de la gauche et la Réforme qui continue
Le site internet de DP nous donne la notice suivante sur M. Marco: «Enseignant à l'Institut d'architecture de l'Université de Genève. Ancien député du Parti du travail (dont il fut expulsé pour gauchisme) au Grand Conseil genevois.»
De son ancien parti, M. Marco a conservé intacte la capacité de nier les évidences les plus épaisses. Car c’est la gauche qui, à chacune des étapes de la Réforme, a poussé à retarder l’acquisition de connaissances trop précises pour ne pas faire apparaître les inégalités entre les enfants, opposant sottement l’apprentissage systématique et la «créativité». C’est la gauche qui a survalorisé les études longues – ce que M. Marco appelle l’«ascenseur social» – au mépris des métiers manuels, des métiers techniques, des services et de la vente, engendrant du même coup mille rancoeurs de tous les enfants qui n’ont pu, malgré tous les cours d’appui et autres «remédiations», prendre ledit ascenseur. C’est la gauche qui, dans son optimisme indécrottable, a rejeté la notion même d’effort systématique et durable comme moyen d’acquisition des connaissances. C’est la gauche qui a poussé à la suppression des notes, des examens, des «redoublements», répandant ainsi un brouillard trompeusement égalitaire sur le monde scolaire et aggravant le choc du passage de l’école aux inégalités de la vie active.
Que la gauche, «sociale démocrate ou extrême», se soit trompée sur le fond, que les réformes qu’elle n’a cessé de soutenir et de radicaliser aient aggravé les écarts entre les enfants de familles aisées et les autres, que son action ait contribué à ce qu’un certain nombre d’enfants arrivent en fin de scolarité sans maîtriser le B.A. BA de la lecture, de l’écriture et de l’expression orale, qu’elle ait contribué à faire de l’école une institution de moins en moins sociale, c’est ce que personne ne peut nier de bonne foi. Qu’elle l’ait fait avec le lâche soutien d’un certain nombre de pontes des partis bourgeois ne saurait dissimuler sa responsabilité principale, tant concrète qu’idéologique. Qu’elle se rende compte maintenant des dégâts, irréversibles pour un certain nombre de milliers d’élèves vaudois, c’est mieux que rien. Mais qu’elle ne mette pas la faute sur les autres!
Le texte de M. Marco fait partie des innombrables articles déjà pondus par les partisans de la Réforme (Jacques Bronckart, Cilette Cretton, Olivier Baud, etc.) pour diminuer l’effet de la victoire des partisans des notes sur l’officialité réformiste genevoise. Il s’agit pour eux de reprendre la main et de préparer le déroulement des étapes suivantes: la filière unique; l’école obligatoire jusqu’à dixhuit ans; la scolarisation de l’apprentissage et la fin du système dual.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Du complexe au chaotique – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Il a crié «Vive Hitler!» – La page littéraire, Jean-Blaise Rochat
- Juvenilia LXVIII – La page littéraire, Jean-Blaise Rochat
- Grandeur et humilité – La page littéraire, Jean-Jacques Rapin
- Armée, où vas-tu? – Philibert Muret
- Perseverare diabolicum – Pierre-François Vulliemin
- «Ils décidèrent de changer le système des allocations familiales...» – Pierre-Gabriel Bieri
- † Le pasteur Germain Nicole – Rédaction
- † Le pasteur Henri Vaney – Rédaction
- Mûr pour le Conseil fédéral? – Revue de presse, Ernest Jomini
- Fête des vignerons 2019 – Revue de presse, Philippe Ramelet