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Les communes sous vidéosurveillance

Olivier Klunge
La Nation n° 1797 10 novembre 2006
La Commune de Lutry a installé depuis le début de l’année scolaire des caméras dans le préau du collège du Grand-Pont.

Les raisons du tapage entourant cette installation, contrairement à celle de caméras dans d’autres collèges du Canton ou même au Collège des Pâles à Lutry, restent mystérieuses à ceux qui ne lisent pas Le Matin pendant les mois creux de l’été.

Ainsi, depuis que les médias romands et un avocat genevois en quête de publicité en ont fait le feuilleton de la rentrée, la municipalité de Lutry, et en particulier son courageux syndic, M. Willy Blondel, doivent faire face à une pluie de critiques. Des enseignants? Des élèves? De leurs parents? Non, aucun des utilisateurs du collège ne semble être importuné, mais, en revanche, Mme la Conseillère d’Etat Anne-Catherine Lyon, après avoir convoqué le syndic pour une mise au point, a publié un communiqué de presse.

On y apprend que le chef du Département de la formation et de la jeunesse regrette vivement le refus de Lutry de désactiver son système de surveillance […] malgré ses propositions pragmatiques. Avant de rappeler que le DFJ ne possède aucun moyen d’action direct pour contraindre les communes à désactiver ces caméras.

Malgré la formule fleurant bon le manifeste révolutionnaire, les moyens qui manquent à Mme Lyon sont simplement d’ordre juridique. Le Conseil d’Etat n’a aucune compétence, aucun droit de dicter aux communes leur politique en cette matière.

Ces dernières sont propriétaires des bâtiments scolaires, elles en ont la responsabilité. La Conseillère d’Etat se doit de respecter l’autonomie communale. L’Etat n’a pas à faire des propositions pragmatiques dans ce domaine, à moins éventuellement d’y être appelé comme arbitre dans un différend entre deux communautés locales.

Savoir s’il est justifié de poser des caméras dans la cour d’une école n’est pas une question de principe. Ce qui est réellement préoccupant, ce sont les déprédations causées à des bâtiments publics, et non la réponse que les autorités pensent devoir y apporter. Quant à l’efficacité du dispositif, elle se vérifiera ou non dans les prochains mois. Ce sera alors à la municipalité d’évaluer le bien-fondé de ses décisions pragmatiques (seuls deux collèges de Lutry sur six bâtiments scolaires sont dotés d’un système de vidéosurveillance).

Dans le communiqué du DFJ, on apprend encore que celui-ci a souhaité disposer d’une vision exhaustive des éventuels dispositifs de vidéosurveillance installés par les communes. Verra-t-on fleurir sur une base légale inexistante un observatoire des caméras en milieu scolaire?

Mais rassurez-vous bonnes gens et bons syndics, le DFJ entend privilégier une relation d’ouverture et de dialogue, la liste des communes concernées ne sera pas communiquée dans un premier temps. La carotte du dialogue et le bâton médiatique…

Les municipalités vaudoises ont la charge des communautés locales qui forment le Canton, elles ont la responsabilité de l’administration des biens et services qui profitent aux habitants de leur territoire. Certaines parcelles de l’autorité publique leur sont déléguées. L’Etat cantonal doit accepter, dans ces domaines, les choix, même critiquables, des communes tant qu’elles restent dans le cadre que la législation cantonale leur impose.

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Au sommaire de cette même édition de La Nation:
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  • La défaite médiatique d’Israël – Nicolas de Araujo
  • Les principes d'abord – Cédric Cossy
  • Ignorance «socio-construite» – Oskar Freysinger
  • Au loup!... – Revue de presse, Philippe Ramelet
  • Il est sain d'être syndic – Revue de presse, Ernest Jomini
  • Le démocrate descend du singe, amen! – Le Coin du Ronchon