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750 milliards d’euros contre la crise

Philippe RameletRevue de presse
La Nation n° 1889 21 mai 2010
L’importance du sujet conduit à citer des extraits de trois articles, d’auteurs d’horizons différents.

Pour le professeur d’économie Charles Wyplosz , dans Le Temps du 14 mai:

En mettant 750 milliards d’euros sur la table, les autorités européennes ont montré qu’elles ont enfin pris la mesure des enjeux qui mobilisent les marchés financiers. Le seul problème est que l’argent n’est pas vraiment là. L’idée est qu’il n’a pas besoin d’être là puisqu’il s’agit de garanties, pas de prêts […] Bloquer la contagion de la crise sans dépenser un euro, il fallait y penser!

La question est de savoir si ce plan miraculeux va vraiment marcher […].

La solution va être d’exiger des plans d’austérité budgétaire à la rigueur exemplaire […].

Le problème est que la reprise économique démarre tout juste et qu’elle n’est pas encore arrivée dans les pays sous pression […].

Si la croissance ne revient pas dans la zone euro, les déficits budgétaires vont continuer et pourraient s’aggraver. Les défauts de paiement pourraient alors être inévitables et les 750 milliards de garanties compenseraient les investisseurs aux frais des contribuables, sérieusement appauvris […].

Dans le même numéro, Marie-Hélène Miauton ajoute notamment:

[…] Le total de la dette souveraine des Etats de la zone euro fait aussi rêver, ou plutôt cauchemarder: rien de moins que 7000 milliards d’euro selon Eurostat! On peut deviner qu’une augmentation, même légère, des taux d’intérêt rendrait le service de cette dette insupportable et que les budgets en seraient d’autant plus déficitaires.

Comment l’UE peut-elle donc servir de garante à l’un ou l’autre de ses membres alors qu’elle est elle-même endettée jusqu’au cou? Quelle est la valeur réelle de sa caution? Combien de temps les marchés seront-ils dupes? Onze ans après sa création qui avait éveillé tant d’espoirs, quelle monstrueuse crise se dessine à l’horizon de la zone euro, qui lui sera fatale, qui nous sera fatale? [… ]»

Nicolas Verdan, éditorialiste de 24 heures du 15 mai, apporte sa pierre:

Si la Grèce est en faillite, l’Union européenne l’est aussi. Quantifiable en termes financiers, la faillite grecque tient en quelques chiffres (le montant de sa dette), assortis de lettres capitales dépréciatives dans le carnet des peu transparentes agences de notation internationales.

La faillite européenne, d’ordre politique, est perceptible dans la gestion catastrophique de la crise grecque […] le prétendu «mécanisme de stabilisation» vise avant tout à renflouer les banques, européennes notamment, qui ont joué et risqué gros en Grèce. Logique, vu leur exposition dans ce marché grec, où l’euro n’a jamais changé des habitudes de souk. Logique, mais hypocrite aussi, lorsqu’on sait combien ces banques connaissaient les déficits chroniques de la Grèce, qui n’a jamais joui d’une réelle stabilité financière depuis son indépendance au XIXe siècle. […]

Arrivons-en aux conclusions des auteurs cités:

Verdan dénonce: «La dette financière internationale passe avant la dette sociale. Le plan d’austérité imposé aux Grecs va dans ce sens. Résultat prévisible: un appauvrissement de la population, une augmentation du chômage et une baisse de la productivité. Désastreux.»

Pour Mme Miauton, «tous ces milliards qui semblent une bien grande somme ne seront probablement qu’un emplâtre sur une jambe de bois!»

Le mot de la fin à Wyplosz: «[Si la croissance ne revenait pas dans la zone euro] on regretterait alors de ne pas avoir accepté les défauts de paiement maintenant.»

Tout cela est peu rassurant.

L’euro et les marchés boursiers sont repartis fortement à la baisse dès le 14 mai.

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