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La IXe Symphonie à l’OCL

Jean-Jacques Rapin
La Nation n° 1889 21 mai 2010
Christian Zacharias a eu une manière plutôt originale de fêter son soixantième anniversaire et ses dix ans de travail à la tête de l’OCL, en réalisant un projet à première vue insensé – mettre sur pied la IXe Symphonie de Beethoven avec les moyens lausannois!

On croit rêver. Alors que les plus grandes organisations symphoniques du monde se font un point d’honneur d’inscrire cette oeuvre à leurs programmes, voici qu’un orchestre dit de chambre ose prendre de tels risques. Un véritable pari! Mais, disons-le sans tarder, un pari gagné, et gagné d’une façon brillante, éclatante et plus que convaincante… Un pari qui en dit long dans plusieurs domaines. Tout d’abord, il est une preuve étonnante de la confiance du chef à l’endroit de ses troupes. L’oeuvre est connue pour ses difficultés redoutables et l’effort qu’elle réclame des exécutants. Or l’OCL, avec un effectif de cordes légèrement renforcé – neuf premiers violons, sept seconds, cinq alti, cinq violoncelles, les trois contrebasses habituelles – et ses souffleurs «maison», a magistralement répondu aux attentes. Mieux, il s’est engagé avec une joie évidente et communicative!

Voici donc, clairement démontré, le résultat tangible de vingt ans de travail – dix ans sous la direction de Jesus Lopez-Cobos, dix ans sous celle de Christian Zacharias –, du renouvellement régulier des membres de l’orchestre, avec l’arrivée de forces jeunes, d’une politique artistique cohérente et inventive, enfin l’effet bénéfique du changement de salle, de Beaulieu au Métropole, dont l’acoustique est si bien adaptée à la taille de l’OCL.

On le sait, le rôle du choeur et des solistes est fondamental dans la IXe Symphonie. Aussi géniaux soient-ils, les trois premiers mouvements préparent en réalité l’arrivée du quatrième et sa conclusion triomphante de l’oeuvre. Les auditeurs des deux concerts ne s’y sont pas trompés, qui ont réservé un accueil chaleureux au splendide Choeur de l’Opéra de Lausanne, Académie Vocale de Suisse Romande, préparé par Véronique Carrot, et à l’excellent quatuor de solistes (suisses), magnifiquement homogène, avec une mention particulière au soprano Rachel Harnisch et à la basse Gilles Cachemaille, qui poursuivent tous deux une brillante carrière internationale.

Mais ces deux concerts ont encore démontré autre chose, d’une tout autre dimension – la nécessité existentielle d’une telle oeuvre dans la vie, non seulement des exécutants, mais aussi de leurs auditeurs – une nécessité personnelle, fondamentale, celle d’être confronté à la présence du génie, comme dans une sorte d’ascèse, de laquelle on sort transformé, régénéré. C’est là le miracle du chef-d’oeuvre absolu.

A sa manière encore, avec humilité, avec une certaine audace mais le même sens de la grandeur, Christian Zacharias avait introduit la soirée par la Sonate pour piano No 31, en la bémol majeur, opus 110, une des «trois dernières», parente par l’esprit de l’oeuvre qui allait suivre.

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