Les mythes s’écroulent. Et alors?

Dans le Jura Libre du 6 mai sous le titre «Heidi démythifiée», M. Alain Charpilloz constate que les mythes historiques du XIXe et de la première moitié du XXe siècle, élaborés pour unir les Suisses, sont sérieusement mités par la critique des historiens. (Ajoutons qu’ils sont quasi ignorés des nouvelles générations):

[…] Guillaume Tell était suédois, le «Serment du Grütli» une invention, la «Soupe au lait de Kappel» une infâme lavasse, le général Guisan un benêt comparé aux stratèges de L’Hebdo. Où sont passées les images d’Epinal et les histoires qui devaient créer «la nation suisse»? Auraient-elles connus le triste destin des arteplages?

Heureusement il nous reste les vraies patries, le Valais, le Jura, Fribourg, Vaud et tous les autres. Il reste le parler, les gens, les paysages, les vieilles pierres, la vie, l’histoire et les histoires. Il reste qu’on se connaît, qu’on s’aime bien et qu’on se plaît à se chamailler, qu’on est ensemble et qu’on veut le rester. Nous n’avons nul besoin de «mythes» et de vaches en plastique pour cela. Nous voudrions transmettre cet amour intense et profond à nos enfants, afin qu’ils comprennent que nous sommes un maillon d’une chaîne très longue et qu’il ne faut pas la rompre. […]

Faut-il ressusciter les mythes helvétiques comme tentent de le faire certains, à l’UDC ou ailleurs? Ou bien va-t- on créer la nouvelle Suisse technocratique à neuf cantons, selon le dernier bateau à la mode lancé par l’ancien haut fonctionnaire fédéral Rumley? Tout ça n’est qu’artifice face à la réalité des patries cantonales qui seules donnent vie à la Confédération.