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Obligation de servir: les arguments du GSsA et du PS seront fallacieux et mensongers

Félicien Monnier
La Nation n° 1942 1er juin 2012

En automne 2013 aura lieu le combat contre l’initiative fédérale pour l’abolition de l’obligation de servir. L’auteur de cette initiative n’est autre que le GSsA, le Groupe pour une Suisse sans armée, soutenu par le Parti socialiste.

Durant la récolte de signature, leurs militants accrochaient le public dans la rue en vantant les mérites financiers d’une armée professionnelle. Durant le débat, ils iront assurément jusqu’à affirmer la nécessaire plus-value sécuritaire que nous apporterait la suppression du service militaire.

Une foule de raisonnements de philosophie politique peuvent pourtant sous-tendre le maintien de l’obligation de servir ou son abolition. on peut, par exemple, vouloir maintenir une «participation citoyenne» à la conduite d’une armée. Dans ces colonnes nous aimons particulièrement cet argument institutionnel: neutralité, indépendance, fédéralisme et obligation de servir forment l’édifice fédéral. en enlever une brique fait s’écrouler tout le reste. Mais ce terrain argumentatif est difficile. il ne se prête que péniblement à l’arène bruyante des plateaux de télévision; encore moins aux sordides mises en scène médiatiques dont le GSsA est devenu spécialiste.

Le GSsA devra en revanche s’aventurer sur des questions de politique militaire. il ne pourra pas ne pas développer sa vision de l’armée suisse.

Sinon ses arguments seront trop courts et dès lors insuffisants. il aura beau prétendre ne s’en prendre qu’à l’obligation de servir, il devra bien proposer quelque chose. nous ne manquerons en tout cas pas de lui poser la question. Celui qui ouvre la boîte de Pandore doit en assumer toutes les conséquences. Mais il est fort possible que les propositions du GSsA séduisent une part de l’opinion publique. esquissons une explication.

La politique militaire est l’une des nécessités les plus fortes de la vie en société. il s’agit en effet de planifier les ultimes moyens de survie de cette même société face aux dangers qui peuvent la guetter. la raison d’être de la politique militaire sous-entend la possibilité d’une guerre. avec son cortège de désolations, de pleurs et de cadavres, elle est la pire chose que nous puissions connaître à l’avenir. Dès lors, par une tendance naturelle à l’optimisme, fût-il aveugle, nous cherchons instinctivement à en éloigner la perspective. le GSsA, de manière plus ou moins consciente, a compris que le citoyen n’aime pas avoir peur. Très grossièrement, nous voyons donc déjà se profiler ses arguments de politique militaire.

Il méprisera les augures du danger de l’invasion militaire, il minimisera le risque terroriste, affirmera que le déséquilibre économique et politique ne guettera plus jamais l’Europe. la guerre électronique sera centrale dans sa vision des dangers. il conviendra selon lui de remplacer nos chars par des informaticiens. nous osons même imaginer qu’il ira jusqu’à défendre l’envoi de nos soldats professionnels à l’étranger, fondant son argument sur une meilleure préparation au combat, écartant complètement l’idée de la neutralité et de la paix dans le monde. Peut-être osera-t-il même lancer à la face du citoyen-soldat qu’il est un mauvais militaire; oubliant par-là même que ce citoyen est aussi celui qui votera à l’automne 2013. les clichés seront au rendez-vous: boue dans laquelle on rampe vainement, cartouches que l’on gaspille, officiers frustrés et sous-officiers idiots. Financièrement, il ira jusqu’à défendre les milieux économiques au nom de la lutte contre les «coûts cachés» du service militaire. il le faisait déjà en récoltant les signatures. Cette vision est passablement fausse, mais le GSsA aura présenté une vision des menaces, la sienne.

Cela fait, il conclura inexorablement à l’abolition du service militaire obligatoire. obnubilé par son objectif, il aura tout fait pour démontrer son propos final.

Nous aurons de notre côté un argument important: le GSsA n’a jamais voulu d’une armée en Suisse. nous pourrions nous arrêter là. De son moratoire sur les avions de combat à l’obligation de servir, en passant par l’arme à la maison, le GSsA ne poursuit qu’un seul objectif. Toute affirmation de sa part allant contre cette réalité est un mensonge. le soutien qu’il reçoit depuis de nombreuses années du Parti socialiste, parti gouvernemental, est tout simplement honteux.

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