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Suivez le guide- Les abords de la Cathédrale

Ernest Jomini
La Nation n° 1964 5 avril 2013

Saviez-vous que les pierres taillées, qui sont la base de la Cathédrale actuelle sur tout son pourtour, proviennent de Nyon? Elles mesurent toutes environ 60 cm. (deux pieds romains). Selon W. Stöckli, archéologue, on peut affirmer aujourd’hui que c’est dans l’ancienne Colonia Julia equestris, fondée par Jules César pour donner des terres à cultiver aux cavaliers vétérans de son armée, que l’on est allé puiser. Comment ces pierres récupérées à Nyon ont-elles été amenées à Lausanne? Par la route sur des chars? Par bateaux? Les historiens futurs trouveront peut-être la réponse.

Dirigeons-nous maintenant, en contournant l’abside centrale extérieure du chœur, vers la façade Sud. Il vaut la peine de s’arrêter quelques minutes pour contempler la géométrie de la Rose. On la voit beaucoup mieux de l’extérieur que de l’intérieur de la Cathédrale. Admirons le jeu sculpté dans la pierre des carrés, cercles, losanges, demi-cercles ou secteurs de cercle qui constituent l’originalité de la Rose de Lausanne en place déjà dans la première moitié du XIIIe siècle.

Levons les yeux vers la tour-lanterne qui n’est plus la tour d’origine. En effet, le grand architecte français Viollet-le-Duc a passé par là et de 1873 à 1879 l’a reconstruite, en en modifiant profondément la forme.

Il y met des ardoises au lieu de tuiles. Nouvelle rénovation en 1925: on remplace les ardoises par des tuiles, en supprimant la couronne néo-gothique imaginée par Viol- let-le-Duc. Enfin, de 1999 à 2002, on revient à la couverture en ardoises. Ainsi en va-t-il souvent des restaurations des monuments historiques: elles n’échappent pas aux contraintes des modes architecturales.

Nous arrivons au portail peint. C’était au Moyen Age la grande entrée par laquelle les nombreux fidèles et pèlerins pénétraient dans le sanctuaire de Notre Dame de Lausanne. Aujourd’hui, ce portail est fermé et des vitres spéciales protègent les statues des rayons du soleil, des intempéries et de la pollution de l’air.

Avançons encore de quelques mètres jusqu’à l’endroit qu’on appelle «la grande travée», proche de la tour du beffroi. On remarque immédiatement que, contrairement à toutes les autres fenêtres de la Cathédrale qui ont la simplicité du gothique ancien du XIIIe siècle, la fenêtre à cet endroit est du gothique flamboyant des années 1500. Au mur, une ligne tracée dans la pierre évoque une voûte. Si nous nous transportions sur la façade opposée au Nord, nous verrions exactement la même chose. Conclusion: la route qui montait de la Palud par la rue Saint-Etienne continuait en direction du château en passant à travers le bâtiment comme sous un grand porche ouvert. Les portes de l’édifice se trouvaient donc au début de la troisième travée de la Cathédrale actuelle. C’est le grand évêque bâtisseur Aymon de Montfalcon, dont nous avons déjà parlé au château, qui vers 1500 fit boucher le passage et agrandit la cathédrale à l’intérieur en déplaçant les portes pour les placer à l’endroit où elles se trouvent encore aujourd’hui.

On arrive maintenant à la tour du beffroi qui appartient à la ville de Lausanne, alors que la Cathédrale, comme chacun sait, est propriété de l’Etat de Vaud. C’est la tour où le guet a sa cabane et où se trouvent les sept cloches, la plus ancienne étant de 1300 environ. Où est la seconde tour qui généralement est présente à l’entrée des cathédrales gothiques? nous demandent souvent les visiteurs. A la fin du XIIIe siècle, les fonds manquaient pour achever l’ouvrage.

De temps à autre, tel architecte propose un plan pour la seconde tour. Il y a bien peu de chances pour qu’on en voie la construction.

Tournons-nous maintenant vers les bâtiments situés sur la place. En face du portail peint se trouve aujourd’hui le Mudac (Musée du design et d’arts appliqués contemporains) dans la belle et ancienne maison Gaudard construite en 1671. Pendant une bonne partie du XXe siècle, ce fut le siège du Département de l’instruction publique et des cultes. Aujourd’hui, ces locaux seraient trop exigus pour accueillir tous les spécialistes de la pédagogie et initiateurs des réformes scolaires successives qui depuis une quarantaine d’années affectent l’école vaudoise. Il serait intéressant d’établir, pour autant que ce soit possible, le rapport qualité/prix entre l’école de 1950 et celle de 2013. On aurait quelques surprises.

Terminons par le bâtiment de l’ancien évêché. De la terrasse de la Cathédrale, on en voit encore deux tours: la première de 1400 environ en briques rouges (comme le château Saint-Maire), l’autre en retrait et plus ancienne dite tour du Jacquemart du XIIIe siècle. L’évêque, qui résida à l’Ancien- Evêché dès le XIe siècle et jusque vers 1400, avait déjà besoin d’une maison forte.

Dès le départ du prélat pour le château, ce bâtiment fut affecté à divers usages au cours des siècles: tribunal, hôpital pour les réfugiés français de l’Edit de Nantes, école, prison, Musée du Vieux-Lausanne et tribunal des prud’hommes, avant d’être aujourd’hui entièrement réservé au Musée historique de Lausanne.

Notre visite rapide ne nous permet pas d’aller contempler tous les trésors historiques du musée. Mais nous y ferons une incursion pour aller regarder le plan Buttet, du nom de son auteur qui, en 1634, dessina minutieusement toutes les maisons de Lausanne, les rues, les murailles, les tours et les diverses portes. La ville dessinée par Buttet n’était pas très différente de la Lausanne médiévale enserrée dans ses fortifications.

On voit les parchets de vigne juste en dessous des murailles à Saint-François. Le Musée a réalisé une maquette reproduisant fidèlement le plan Buttet et un montage audio-visuel d’une vingtaine de minutes nous permet de revivre l’histoire de notre ville. A ne pas manquer!

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