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«Ecole 2010» - Un législatif hors sol

Olivier Delacrétaz
La Nation n° 1917 17 juin 2011
Dans son morne débat sur l’Ecole vaudoise, le Grand Conseil a passé sous silence cette évidence que les élèves qui sortent de l’Ecole obligatoire lisent, rédigent et parlent moins bien que ceux des générations précédentes. Il a fait litière des critiques émises par les maîtres d’apprentissage, les maîtres de gymnase et les professeurs des hautes Ecoles.

Le Grand Conseil a fermé les yeux sur le fait que le «contre-projet» de Mme Lyon se situe dans la droite ligne des réformes qui, en quarante ans, nous ont amenés où nous en sommes. Et il a refusé de voir que ce texte acrobatique, avec ses cycles de quatre ans et ses «deux voies et trois niveaux d’enseignement» allait engendrer un désordre et un mécontentement suffisants pour permettre aux réformateurs d’enclencher l’étape suivante: la filière unique, la suppression du redoublement et le prolongement de l’école obligatoire jusqu’à dix-neuf ans.

Le Grand Conseil a refusé d’examiner honnêtement les critiques et les propositions des enseignants qui ont conçu «Ecole 2010». Sa commission n’a pris qu’un temps dérisoire pour recevoir ses auteurs, de surcroît sous le contrôle vigilant et les interventions constantes de Mme Lyon et de ses collaborateurs.

Le Grand Conseil a enfin tenu pour négligeables les manoeuvres déloyales de Mme Lyon qui a retardé le vote populaire au-delà de ce qu’autorise la Constitution vaudoise pour se donner le temps de fabriquer son pseudo contreprojet, puis qui a précipité les débats au-delà de toute décence dans le but de placer la date de ce vote à la fin des vacances scolaires, empêchant ainsi toute campagne sérieuse.

Le Grand Conseil s’est ainsi fait l’auteur d’un projet hors-sol, coupé de toute la réalité scolaire vaudoise passée, présente et future. Il a sacrifié la vérité des faits, le souci des principes et les attentes du monde des métiers et de celui des études dans le seul et unique but de tomber d’accord entre soi: la «paix scolaire», en réalité la «paix parlementaire», sur les ruines de l’Ecole!

Les libéraux, qui voulaient s’opposer mais n’ont pas trouvé la force de le faire, ont affirmé non sans gêne que le texte voté conservait l’essentiel. Les radicaux se sont faraudement martelé la poitrine, n’hésitant même pas à se proclamer, contre toute évidence, «le parti de la formation». La gauche n’avait rien besoin de dire, elle a gagné sur toute la ligne. Pour le principe, son aile extrême a poussé quelques discrètes jérémiades. Seuls les UDC ont émis des critiques de fond et de forme, et ont eu le courage de défendre «Ecole 2010».

La campagne est lancée.

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