Questions au Mali

L’intervention de l’armée française au Mali paraît être pour l’instant un grand succès. Ce qui n’empêche pas M. Jean-François Kahn, dans sa «Chronique» à L’Hebdo du 31 janvier («Honni soit qui au Mali pense»), de poser un certain nombre de questions:

[…] Peut-on laisser une manière d’Etat djihado-terroriste s’installer dans un espace aussi vaste et devenir un immense centre de déstabilisation de tout le monde islamo-africain, et, dans un deuxième temps, de toute l’Afrique du Nord, Maroc compris?

Question plutôt favorable à la politique du gouvernement de François Hollande. Mais la seconde est plus critique:

[…] Le corps expéditionnaire français, même renforcé de quelques contingents africains, a-t-il la moindre chance de parvenir à rétablir un semblant d’ordre sur un territoire représentant une superficie égale aux deux-tiers de la Chine?

Et poursuivant sa réflexion: […] Y a-t-il une intervention armée de puissances occidentales, hors de leur zone d’influence directe, dont on peut estimer, depuis des décennies, le bilan positif? L’intervention de Suez en 1956? Le Viêtnam? La Somalie? L’Afghanistan? L’Irak? La Libye?

[…] Et puis osons cette remarque: ne soutenons-nous pas, objectivement, en Syrie, les mêmes forces, ou certaines d’entre elles, que celles que nous combattons au Mali? […]

Pour compléter le tableau, on pourrait ajouter que la France est bien seule, l’Union européenne la laissant se débrouiller dans cette aventure guerrière. En outre, l’Etat français surendetté n’avait pas besoin de cette ponction supplémentaire. Et pendant ce temps-là, les deux religions qui depuis 1789 divisent la France s’affrontent à nouveau sur le mariage gay. Pas facile d’être Français.