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L’école, cette boîte de singes

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2036 22 janvier 2016

Animaux en classe. Tel est le titre d’une circulaire de recommandations adressée aux enseignants vaudois par l’Unité de promotion de la santé et de prévention en milieu scolaire (PSPS), chapeautée par deux départements, celui de la formation, de la jeunesse et de la culture et celui de la santé et de l’action sociale. Ces utiles recommandations – élaborées, nous dit-on, pour répondre à des demandes régulières – s’appuient sur trois principes éprouvés: des activités avec des animaux peuvent contribuer au projet pédagogique; elles doivent respecter les normes en vigueur pour la protection des animaux; elles ne doivent pas mettre en danger les élèves.

Il est ainsi précisé que «les animaux doivent être détenus obligatoirement dans un système de détention reconnu par l’ordonnance sur la protection des animaux […], c’est-à-dire qu’ils restent dans leur système de détention pour l’observation en classe [et] sont gardés dans un lieu approprié, à l’écart des aliments». Les experts ne semblent pas avoir envisagé le cas – qui nous vient pourtant en premier à l’esprit à l’heure où nous écrivons ces lignes – où les animaux sont eux-mêmes des aliments.

Il est aussi prescrit que «les élèves évitent dans la mesure du possible le contact avec les animaux» et qu’ils «se lavent systématiquement les mains au savon après tout contact avec les animaux». Et encore: «Les enseignant-e-s informent les parents par écrit de l’intention de faire venir un animal en classe – avec suffisamment de délai – en demandant de signaler la présence éventuelle d’une allergie ou d’une phobie de leur enfant a? l’animal en question.»

Enfin, un tableau à plusieurs colonnes présente une liste d’animaux. On y découvre que les poissons d’ornement et les insectes non piqueurs (les cafards?) sont autorisés, de même que les NAC (nouveaux animaux de compagnie), tandis que les scorpions, les mygales, les chauves-souris et les bovins sont interdits. Rien n’est dit sur les pingouins, les ornithorynques, les mammouths, rien sur les dahus et les marsupilamis, sur les ânes qu’on rencontre fréquemment dans certaines classes, sur les cochons qui omettent de se laver les mains, rien sur les dinosaures marxistes et les vieux crocodiles du Département.

Ce qui est extrêmement choquant, dans cette démarche de l’Unité PSPS, c’est la reproduction de stéréotypes humains dégradants à l’égard du règne animal: on présente les animaux comme des êtres potentiellement sales ou dangereux, qu’il ne faut pas toucher, et qu’on peut classer en races fréquentables et races infréquentables… Les souris oui, mais les chauves-souris non: belle image de tolérance à l’égard du handicap! Quelles séquelles ce discours pseudoscientifique va-t-il laisser dans l’esprit des tout-petits? Va-t-on aussi leur apprendre qu’il faut se laver les mains au savon après avoir mis des claques à leurs camarades d’une autre espèce?

Qu’attend donc l’Unité de défense contre l’utilisation discriminatoire des classifications (UDCUDC) pour adresser une mise en garde à tous les enseignant-e-s?   .

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